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Le Sommet des Dieux * du maître Jirô Taniguchi est en soit, de par sa consistance (5 volumes de 300 pages), son propos adulte et maitrisé et l'évocation majestueuse des panoramas montagneux qu'il dépeint, un chef-d'oeuvre.

Véritable ode à l'alpinisme, à la conquête de la montagne par l'homme et à l'Everest en particulier, le récit suit les pérégrinations de Fukamashi, un photographe japonais spécialisé dans les récits d'expédition en montagne qui, lors d'une de ses missions au Népal, croît reconnaître l'appareil photo qui aurait accompagné la première ascension avortée de l'Everest, qui avait laissé ces alpinistes disparus dans des conditions non-élucidées. De témoins en témoins, son enquête le mène jusqu'à Habu Jôji, un célèbre alpiniste tombé en disgrâce, ancienne légende déchue désormais exilée. Le temps de percer la mystérieuse aura qui entoure le grimpeur, le photographe prend alors pleinement conscience du défi que ce dernier prépare et des conséquences incroyables que pourrait signifier sa réussite. Il décide alors coûte que coûte de le suivre dans sa périlleuse mission, au péril de sa propre existence...

Taniguchi démontre plus que jamais la force d'une nature omniprésente, destructrice, vivante devant laquelle l'homme finit toujours par courber le dos, quelque soit le poids de sa volonté. La montagne est de quasiment tous les plans, majestueuse, inamovible autour de laquelle les années, les hommes passent et se défont sans jamais l'altérer. Cette humilité permanente de l'auteur vis-à-vis de la nature était déjà présente dans ses autres oeuvres, mais elle trouve ici son apogée.
Les personnages sont tous fascinants, dans le peu d'éléments que l'auteur veut bien nous livrer sur eux. Ils ne sont jamais en tout cas aussi bien décrits que la montagne, et plus spécifiquement le massif himalayien, personnage principal du récit, ultra documenté dans l'écriture de ses reliefs, de ses dangers, des communautés qui l'habitent (les sherpas népalais, des guerres et conflits qui ont tourné autour de son exploitation.

En définitive, un magnifique et poignant manga qui fait figure de référence, de document précieux sur l'alpinisme himalayien et qui sait faire oublier au néophyte la rigueur et la précision de sa démarche, atténuée par la force dramatique du récit et ses résonances philosophiques.
acidcitrik
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le 6 févr. 2014

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