Le premier tome avait brillamment (ré)introduit Miracleman, le second commence in media res : après une promenade bucolique, Miracleman rentre chez lui pour s'apercevoir que sa femme a été kidnappée. La suite va détailler l'histoire et les intentions du vilain, intimement liées aux origines de Miracleman.
Le point intéressant ici est la différence de plus en plus prononcée entre l'hôte de Miracleman et ce dernier. Cette différence est d'abord graphique : Moran est enlaidi (grossi, vieilli, habillé en pyjama) tandis que Miracleman paraît de plus en plus majestueux et irréel ; cela est amplifié par les dialogues : Moran et Miracleman parlent l'un de l'autre à la troisième personne.
Les récitatifs dont je me plaignais dans le tome précédent sont mieux utilisés puisqu'ils ont cette fois ci un "point de vue" : nous sommes dans la tête de Moran et de Miracleman et le contraste est saisissant l'un est confus et paniqué...l'autre a des pensées d'une extrême clarté.
Au fur et à mesure une évidence s'impose, les deux personnages sont différents, et l'un est clairement dominant par rapport à l'autre. Cette hiérarchisation transparaît dans leurs actions : après le kidnapping Miracleman refuse de laisser place à son alter ego humain parce qu'il ne lui fait pas confiance, de son côté la seule action significative de Moran est de réussir à s'effacer pour laisser Miracleman gérer la situation.
Pour conclure, ce tome de Miracleman est très efficace, le personnage étant posé Moore développe une histoire classique mais avec quelques touches originales notamment la relation Moran/Miracleman. Dans un comic de super héros classique, la série commencerait à ronronner en enchaînant les intrigues jusqu'à provoquer la lassitude des lecteurs ou des auteurs, mais nous ne sommes pas dans un comics classique, mais cela nous le verrons dans le prochain tome