Tsukasa Hojo vaut aussi par ses recueils !

Le volume Le Temps des cerisiers ne m'a pas autant pris aux tripes que Sous un rayon de soleil, La Mélodie de Jenny et Le Cadeau de l'ange. Pourtant, cela reste une belle suite d'histoires dans une magnifique édition Ki-Oon pour une indispensable collection "Les Trésors de Tsukasa Hojo".
Le volume contient 4 histoires sur un peu moins de 200 pages. La première histoire donne son titre au volume et l'héroïne n'est autre que Sarah Nishikujo du manga Sous un rayon de soleil. L'histoire est bien exécutée, a un charme, mais ce n'est pas aussi puissant que le manga en trois tomes pour moi. Ce qui m'a le plus marqué au plan esthétique, c'est le traitement des branches comme des rameaux lumineux qui seraient des prolongements sanguins du cœur humain. On en a un premier exemple avec la page 33, image de nuit mais qui superpose deux réalités distinctes : l'enfant court au centre de l'image et derrière on a l'arbre dans la nuit. Sur la page voisine, on a deux cases en filigranes verticaux, l'une avec l'oeil atterré du garçon, l'autre avec un extrait des branches de l'arbre dans le noir. Le traitement des branches devient complètement obsédant sur les pages suivantes unissant l'arbre à l'enfant qui va se retrouver en danger, puis Sarah lit dans l'arbre, on a le regard en suspens, la magie de cases à contours un peu circulaires, et cette surimposition des branches. Toutefois, malgré cet attrait esthétique, l'histoire ne me semble pas aussi enlevante que dans les autres contes féeriques de l'auteur.
Le second récit "Une histoire de famille" importe moins en tant qu'histoire qu'en tant que traitement gracieux d'un conflit psychologique. Un enfant ne supporte pas qu'un père ramène une étrangère à la maison, mais dans la dispute le père fait une mauvaise chute et perd la mémoire. Avec ce cœur d'artichaut de Tsukasa Hojo, on se doute bien que cela ne saurait être définitif. Il n'y aura pas ici de fantastique, mais la scène finale a été soignée au plan de la préparation poétique inattendue. L'amnésique est photographe et quand on se marie on fait un beau cadre pour immortaliser l'union. Le dessin de la page de titre est remarquable en ce sens, et la fin l'est aussi.
Pour la troisième histoire, elle porte le titre "Taxi driver" du film de Scorsese, mais son histoire de rédemption n'a rien à voir. Le héros est un chauffeur de taxi, mais parce que c'est un vampire qui cherche le sang d'une jeune et belle vierge. La première page a l'air d'annoncer du glauque, mais on part dans le romanesque. Bien que notre vampire soit un voisin d'immeuble de Ryo Saeba et Kaori, l'histoire ne me prenait pas complètement, je l'aimais bien, mais sans plus, mais la fin est encore une fois particulièrement réussie.
Il faut conclure par "Rêve d'été". On retrouve du fantastique et des histoires de difficultés entre un père et sa famille. C'est l'histoire la plus marquante des quatre. J'ai adoré la page exceptionnelle pour l'esthétique quand la fille tombe en arrière dans un étang... sans eau et se retrouve à l'envers sur une balançoire avec le cercle panoramique des nuages et du soleil. C'était sublime et pertinent !
Le volume reproduit enfin les pages couleurs, une seule, la première pour "Le Temps des cerisiers", quatre pour "Une histoire de famille" en incluant la double page de dessin pour le titre qui est très importante, et enfin les trois premières pages de "Rêve d'été" avec l'illustration par un classique dessin de femme en-dessous du titre. Pour les pages en couleurs de ces trois histoires, nous avons une dominante du bleu et du rose, des tons que je dirais pastel, quelque chose de très sentimental et féminin. Toutefois, pour le dernier récit, le rose est celui d'un couchant plus mûr et pour la seconde histoire on passe d'abord par le bleu sombre du traumatisme.
Je n'en dis pas plus. Je n'ai mis que sept étoiles, parce que ce manga m'envoûte moins que les autres Tsukasa Hojo, mais je pense en avoir assez dit pour faire sentir qu'on a toujours affaire à du grand art. Il y a même des choses dont je voulais parler et que j'ai oubliées.

davidson
7
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le 1 nov. 2020

Critique lue 113 fois

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davidson

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