Si Le Théorème du Vaquita est une réussite, c’est qu’elle a mobilisé l’énergie d’un dessinateur inspiré ( Dominique Mermoux) et d’un écrivain ( Vincent Ravallec) dont le rôle n’est pas de faire du style avec les mots mais de trouver ceux qui percutent pour raconter la déchéance écologique et animale du monde. Hugo Clément, journaliste, est le vecteur de cette bande dessinée d’intérêt public, où chaque chapitre didactique est une prise de conscience supplémentaire sur certains problèmes durables ( comme la prise de poissons menant au gaspillage et condamnant des espèces,l’exploitation animale pour assurer l’alimentation humaine, les décharges à ciel ouvert de plastique ou d’objets devenus inutilisables mais aussi la fonte préoccupante des glaciers ou la place trop importante des pesticides) mais rappelle aussi que l’Homme a eu des réactions face à son environnement ( la culture bio, des sanctuaires pour préserver des espèces animales ou le recyclage). La somme des informations mises à la disposition du lecteur, les argumentations pour ne plus se voiler la face et les pistes d’amélioration pour prendre soin des animaux, des milieux terriens et marins sont nombreuses et nous confirment que le temps pour agir en profondeur se réduit malgré les avertissements depuis des décennies. C’est une bande dessinée qu’on devrait soumettre aux adolescents actuels même s’ils sont déjà amplement sensibilisés à ces problèmes environnementaux. C’est aussi un support nous permettant de juger nos habitudes de consommation, de jauger notre impact personnel sur l’environnement et qui peut nous remettre en question. Pour finir, ce n’est pas une bande dessinée à lire d’une traite et qu’il vaut mieux laisser infuser en faisant des pauses entre les chapitres abordés. La grande variété des sujets convoqués devant aboutir à la réaction de « remettre des briques » à la planète Terre et de poursuivre ces efforts pour ne plus « colmater » suite à des erreurs d’appréciations tendant vers irréversible. Un combat permanent que l’espèce humaine doit mener au risque de disparaître avant la Nature qu’il aura trop malmené.