J'ai mis un nombre d'étoiles moyen surtout parce que j'ai trouvé que le dessin des visages était un peu barbare ; c'est franchement rare que ça me rebute parce que je suis une quichouille absolue dans cet art et souvent je ne peux qu'être admirative, mais là j'ai trouvé ça un peu trop à la serpe à mon goût. Malgré ce premier point, je reconnais la réussite du vieillissement accéléré du personnage principal dû à ses conditions de travail infernales.
Concernant le récit j'ai trouvé qu'il reproduisait bien la spirale épouvantable où beaucoup de personnes sont obligées de se rendre pour avoir de quoi payer ce qui doit l'être, tout en ayant la conscience que ça te détruit et détruit les autres. Par contre j'ai l'impression que l'auteur fait peser énormément la faute à la pratique des objectifs individuels qui est systématiquement mal appliquée (il n'y a pas un manager pour rattraper l'autre mais tu me diras : ils sont eux aussi pris par des objectifs démentiels), je trouve dommage de reclasser un outil dans son ensemble quand son tort est sur la chaise. Enfin je ne suis pas là pour le défendre mais ça m'a semblé manquer de contrepoint sur ce coup-là, et peut-être un peu dans l'ensemble. L'encapsulage de 90% du récit comme flashback (de qui ?) au milieu d'un procès n'est pas une structure qui m'a vraiment convaincue, j'ai trouvé ça un peu paresseux.
Dans l'ensemble, l'effroi d'une telle déshumanisation au travail est très bien rendu, et à juste titre. Mais en 2019, j'aurais trouvé plus intéressant d'aller explorer ce sujet un peu différemment ; ici ça m'a semblé un poil "facile" ou "scolaire" et que ça n'apportait pas beaucoup d'angles neufs dans la démonstration de l'insupportable.