Critique de Shaynning
Avant de me lancer dans la critique de cette Bd jeunesse, je suis tombé sur une critique incendiaire, voir lapidaire de ce premier opus et même si je ne partage pas la note que cet auteur lui a...
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le 17 août 2020
BD franco-belge de Éric Corbeyran, Elsa Brants et Alice Picard (2008)
Avant de me lancer dans la critique de cette Bd jeunesse, je suis tombé sur une critique incendiaire, voir lapidaire de ce premier opus et même si je ne partage pas la note que cet auteur lui a octroyé, je constate qu'il apporte une dimension fort pertinente à des éléments qui m'avaient fait sourciller moi aussi, à savoir le nombre effarant d'incohérence dans le scénario et dans la logique de ce monde.
Donc, si je me concentre sur les éléments positifs, je dirais que la Bd est jolie. Le nuancier des couleurs est très bien, les machines inspirées du Steampunk de Verne sont créatives ( surtout ce gecko-arche-de-Noé géant) et les décors intéressants.
Les personnages, le scénario et l'univers en lui-même sont toutefois carencés. Je ne suis pas d'avis que parce que l’œuvre cible le lectorat jeunesse qu'il doit comporter une moins grande part de logique, de bon sens ou d'intelligence. Or, il en manque.
Les personnages, bien que peu aidés du fait de leur manque d'expression ( la faute au crayon), sont creux et ne semblent capables ou habités que d'une seule émotion. La guerrière animée d'une colère disproportionnée quasi-constante, le capitaine presque toujours saoul ou léthargique qui se contredit lui-même, la jeune fille uniquement gentille, la femme uniquement triste, le grand-père uniquement cynique...ils manquent de relief, de consistance et surtout de variété émotionnelle. Je suis aussi en peine de décrire le héro: Aventurier et prédisposé aux bêtises, des traits généralement admis chez les personnages masculins de 12 ans , en somme.
Je me suis beaucoup interrogée sur l'absence ou l'incohérence des notions les plus élémentaires de Physique. Certes, les univers imaginaires ont souvent des lacunes de cet ordre, mais de manière générale, ces univers sont également magiques ou chimériques ( dimension des rêves), expliquant du coup les incohérences. Ici, nul mention de magie. On figure, à la vue des navires, un univers Steampunk, mais rien n'explique vraiment comment on peut avoir un étendu vert à perte de vue.
Quelques exemples:
- Les navires ne peuvent pas naviguer: Les surfs le peuvent.
-Si c'est bien un immense tas de feuilles qui recouvre la planète: les feuilles devraient au moins êtres brunes, puisque non rattachées à un arbre.
- S'il y a un monde caché en dessous d'un vaste étendu de feuilles opaques, comment expliquer alors la lumière ambiante de ce monde en-dessous?
- Jon tombe dans les feuilles: en ressort en riant. Tombe une seconde fois: est englouti.(?)
Je ne vais pas dresser une liste exhaustive, mais ce genre d'exemples a une fâcheuse tendance à s'accumuler.
Ensuite, le scénario. Il ne tient pas la route. Je ne donnerai qu'un exemple situé au début, histoire de minimiser les spoilers: Jasper tome dans les feuilles, perd contact avec son surf et est englouti: pourtant on explique juste après l'avoir trouvé SUR le surf, inconscient et dérivant. Oups. Pire, il a un "beeper", alors pourquoi est-il considéré disparu par ses pairs? Ça ne marche pas. Imaginez ensuite ce genre d'incongruités scénaristiques tout au long de l'histoire.
Il est évident qu'un monde pareil nécessite beaucoup d'explications pour comprendre son fonctionnement, mais le soucis est que justement, le premier tome devrait mettre l'accent sur les détails susceptibles de nous guider dans cet univers. Or, cet univers est incompréhensible. Je me pose beaucoup de questions, mais dans mon esprit, ce devrait être des détails, et non de la base même que je devrais m'enquérir. C'est expéditif, voir même "garoché ( jeté avec désinvolture)" comme histoire.
Et on ne m'aura pas aussi facilement: c'est beaucoup trop calqué sur "Avatar" ce monde "d'en dessous".
Finalement, je peine à trouver la finalité derrière le simple fait de divertir. On ne prêche pas de valeurs, on se sort aucune morale, on ne met aucun enjeux social, aucun abus ou politique défaillante. Ah, mais il y a ENCORE une princesse kidnappée. ( À quand un prince kidnappé histoire de faire au moins un truc nouveau). Mais même cette "quête" est un peu sortie de nul part, comme une tentative de mettre du piquant, je ne sais pas, c'est creux et ça manque d'originalité.
Donc, je suis assez déçue par le rendu, au final. Oui, les dessins sauvent la mise et quelques idées d'inventions sont intrigantes, la page couverture est belle, mais ce n'est pas ce qui fait une BD.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les pires BD Jeunesse et BD: Scénarios incohérents ou carrément foireux
Créée
le 17 août 2020
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