Ce recueil brille surtout par son homogénéité dans l'excellence: sans être nécessairement des chefs-d’œuvre pris individuellement, les 5 histoires qui le composent sont en effet de très bon niveau (la fin des années 1990 est une période exceptionnelle en matière de productivité pour Junji Ito!); la lecture est donc pour le moins gratifiante tout du long!
"De longs rêves" (1997): le recueil s'ouvre par une histoire réussie, plus "poétique" que véritablement terrifiante, d'inspiration lovecraftienne (un malade dans un hôpital fait des rêves qui lui semblent durer de plus en plus longtemps...); seul regret: Junji Ito ajoute à sa trame principale des développements autour d'un médecin et d'une autre malade qui n'étaient pas vraiment nécessaires.
"Le tunnel" (1997): un tunnel mystérieux où les gens disparaissent sans laisser la moindre trace; histoire classique dans l'ensemble ms très bien menée. La conclusion est satisfaisante.
"Le buste de bronze" (1995): pas vraiment une histoire d'horreur, mais relevant plutôt de l'éro-guro (érotisme grotesque japonais), qui tourne autour de statues fabriquées à partir d'êtres humains vivants. Très distrayante! (même si ce n'est pas forcément ce qu'on recherche en priorité chez Junji Ito)
"Les noiraudes" (1997): sans doute l'histoire qui avait le plus de potentiel du recueil, mais qui laisse cependant un petit sentiment d'inachevé (un peu comme pour le récit "les épouvantails" de 1991); Junji Ito part d'un concept hyper-poétique et inspiré: et si nos pensées les plus inavouables (et donc refoulées) se retrouvaient dans la nature sous forme de "noiraudes", des petites boules noires toutes poilues (un peu comme celles de Mon Voisin Totoro...)? Malheureusement, j'ai trouvé que les développements n'étaient pas forcément à la hauteur de leur prémisse.
"L'histoire sanglante du village de Shirosuna" (1997): le recueil se conclut sur une autre histoire d'inspiration lovecraftienne, très réussie ai-je trouvé; un médecin arrive dans un village plus que bizarre où tous les habitants semblent frappés d'une anémie carabinée...J'adore personnellement les histoires qui se concluent "en boucle" comme celle-là (on se retrouve dans la même situation, au même stade, à la fin qu'au tout début de l'histoire); la malédiction garde un peu de son mystère à la fin, mais ça ne fait que rajouter pour moi à l'excellente ambiance de l'histoire. Junji Ito en profite pour laisser libre cours à une de ses passions: dessiner des geysers de sang!