Le Vagabond de Tokyo est une œuvre qui peut ne pas plaire à tout le monde, de part son caractère grivois et une mise en scène de la misère humaine.
Pourtant, ce manga possède nombre qualités et pose un regard assez unique sur une facette cachée du Japon.
Le Vagabond de Tokyo est une série fleuve au Japon, publié entre 1979 et 1993, elle fut adaptée 2 fois au cinéma et le style de l’œuvre influença de nombreux auteurs. En France, les éditions Le Lézard Noir proposent une série d'anthologie (5 pour le moment). En effet, ce manga est composé d’histoires courtes malgré des histoires qui se suivent et des personnages récurent. Le problème étant que l'auteur, Takashi Fukutani a souvent eu des difficultés pour dessiner ses histoires, le résultat étant donc très inégal. Le Lézard Noir a donc décidé de proposer des anthologies regroupant le meilleur de ce manga.
Nous suivons le quotidien de Yoshio Hori, un jeune homme de 26 ans, travaillant irrégulièrement à la journée dans des chantiers, accro au sexe et vivant dans une petite chambre crade situé dans la résidence Dokudami. Un lieu où résident plusieurs personnes un peu en décalage avec la société japonaise ce qui semble bien convenir ) Yoshio.
Il en arrive des malheurs à ce pauvre Yoshio au grès d’aventures tragi-comique. Le jeune homme aime tout particulièrement paresser en se masturbant dans sa chambre et boire des coups le soir en espérant pouvoir passer la nuit avec une jolie fille. Pourtant, malgré quelques bassesses, Yoshio a un caractère assez doux et aidant ce qui ne va pas l'aider face à la violence de la métropole, amenant ainsi des situations aussi drôles que cruelles.
L'humour est souvent en dessous de la ceinture, les scènes de nudités courantes et la violence est présente ce qui pourrait en rebuter certains. Malgré un point de vue très masculin, les personnages féminins ont souvent du répondant et du caractères (elles ne sont pas chosifiées) quand les hommes sont souvent assez pitoyables.
Il est rare de voir un tel Japon en manga. Le tableau est sale, violent, les hommes sont obsédés, paresseux, miséreux. Pourtant ce constat n'est pas gratuit. Le rendu fait parfois penser aux mangas de Tatsumi (L'enfer, Cette ville te tuera), l'humour en plus. Il se dégage beaucoup de tendresse et d'humanité envers ces laissés pour comptes qui vivent à leur manière, libres. L'auteur évite tout misérabilisme grâce à un ton toujours enjoué.
Le Vagabond de Tokyo est une lecture assez unique, on rit beaucoup face à cette avalanche d'humour pipi caca. Mais on réfléchis aussi face à cette société qui met de côté tout ceux qui ne vont pas dans le moule.. Le tout est porté par le trait précis et adulte de Takashi Fukutani.
Un manga à ne pas mettre entre toutes les mains mais qui se révélera bien plus intéressant qu'il n'y paraît au premier regard. Très bon.