Voilà le deuxième volet d'une trilogie qui reprend un certain nombre de thèmes déjà entrevus dans la Croisière des oubliés, avec peut-être un peu moins de réussite. On se trouve désormais dans un petit village côtier de Bretagne, et plus dans les Landes, et les habitants n'ont plus affaire à l'armée mais à des promoteurs immobiliers qui ont pour Trehoet des projets pour le moins pharaoniques qui vont défigurer le paysage, comme on les voit dès les premières planches. Comme dans le précédent opus, les villageois subissent des transformations qui ne leur conviennent pas, et là aussi, un personnage extérieur va les aider à réagir, en lien avec un autre personnage mystérieux aux pouvoirs magiques. Celui-ci, assimilé par certains à l'Ankou, règne sur le vieux château qui surplombe le village. Bilal et Christin décrivent rapidement la société du village : les pêcheurs, les paysans, le bistrotier, le curé marxiste, le vieil autonomiste facho, etc. Et comment ils vont s'organiser et résister, avec l'aide de phénomènes magiques.
Au total, si je trouve que le dessin de Bilal est toujours aussi agréable, notamment lorsqu'il croque les personnages, vivants ou fantastiques, je suis un peu déçu par le scenario et son issue finale : beaucoup de pages sont consacrées aux préparatifs et finalement peu à l'événement et à sa conclusion. Le voyage est souvent plus important que l'objectif, mais tout de même, pour ma part, je reste un peu sur ma faim. On a là tout de même une dénonciation intéressante de la société de l'époque qui, comme pour la Croisière des oubliés, reste valable aujourd'hui tant le développement de l'économie est encore beaucoup trop souvent privilégié sans qu'on prenne un tant soit peu en compte la vie et l'avis des habitants.