Au-Delà de Soi, le Monde
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le 13 nov. 2015
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BD franco-belge de Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet (2005)
Je me suis toujours demandé si devenir parent ne rendait pas un peu con. Je me pose la question parce que bon nombre d'artistes qui veulent parler de leur statut de parent délivrent quelque chose de banal, gnangnan, facile. C'est un peu le cas ici. Mais bon, à la décharge des auteurs, le tome 2 était déjà facile...
Je crois que ce qui manque à cette série, ce sont des personnages caractérisés. Je crois que c'est ça qui fait que ça ne marche pas. Larssinet, il est bien gentil, mais il est passe partout, il n'a pas vraiment de personnalité, il est juste là pour faire des blagues. On retrouve un peu de Marco dedans, mais ce n'est pas assez appuyé pour en faire une vraie caractérisation. Et puis de toutes façons c'est à peine exploité.
De plus, les auteurs abandonnent l'aspect découverte qui rendait le premier tome si attachant. En même temps ça ne pouvait pas durer... mais disons qu'on ne ressent plus trop le combat citadin-campagne, si bien que le titre "Le retour à la terre" perd de son importance, voire de son sens. En gros, on assiste aux déboires d'un auteur de BD qui va devenir père, sauf que, par le concept de gag en demi-page, les auteurs n'approfondissent rien et se contentent de délivrer des chutes un peu faciles, souvent répétitives.
Le fait que Manu parte à un festival n'a vraiment plus rien à voir avec le projet d'origine, mais il aurait pu permettre aux auteurs de relancer le projet, d'amener de nouveaux personnages intéressants. Hélas, rien de bien n'émerge. Même tout ce qui touche à l'observation est décevant (n'est pas Riad qui veut). C'est dommage. Et il y a d'autres idées qui auraient pu donner quelque chose de bien mais qui sont gâchées, comme la visite des beaux-parents, qui donne quelque chose de très convenu et de traité superficiellement. Le coup de la chasse apparaît à mes yeux comme une tentative de renouer avec l'esprit originel, sauf que les auteurs, une fois de plus, ne vont pas assez loin et je dirais même plus moins loin que dans le premier tome où au moins les personnages secondaires étaient un peu mieux exploités.
Au niveau du dessin, je suis content, il y a moins de cases où Larcenet essaie de dessiner la nature : ainsi donc, il en revient à quelque chose de plus minimaliste, ce qui fonctionne mieux avec son style graphique. J'aime bien ses dessins, je pense vraiment que quand il ne se pique pas du désir de devenir virtuose, il est capable de délivrer de belles planches. Et puis les couleurs de Findakly sont tellement plus efficaces que celles de Patrice Larcenet : la coloriste sait mettre en valeur le trait tremblant de Larcent, n'abuse d'aucun effet et construit une ambiance cohérente tout au long de l'album ; de plus, son travail est discret, ce qui est agréable pour une BD censée être un retour à la simplicité (au final, de ce trio, c'est elle qui s'en sort le mieux).
Bref, je n'ai que très peu ri en lisant cet album. J'avoue même que j'ai commencé à me montrer impatient sur les dernières pages, donc le 4/10 n'était pas très loin... espérons que le tome 4 redresse un peu la barre, mais j'imagine qu'on va avoir droit à une multitude de gags du style : hooo ma fille est foooooormiiidabllleeee.
Créée
le 5 mai 2016
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