Par Skottie Young, Jean-François Beaulieu & Nate Piekos, disponible depuis janvier 2017 chez Urban Comics.
I hate Fairyland est né de l'esprit (torturé, à en croire le propos de la série) de Skottie Young à la suite d'une relecture des aventures du Magicien d'Oz de L. Frank Baum. Après s'être magistralement illustré dans la caricature avec ses différentes « baby cover », Skottie lance en 2015 le projet I hate Fairyland, une comédie « slapstick » et irrévérencieuse qui a pour thème principal les contes de fées classiques.
Depuis 10 ans, l'auteur entretien une collaboration étroite avec le très talentueux coloriste Jean-François Beaulieu dont l'osmose forgée par le temps n'est qu'évidence dans les pages de ce foutoir acidulé. Les artistes n'hésitent pas à tabler sur des dessins guimauves bien trash et des couleurs arc-en-ciel étourdissantes.
Pour la première fois, je tiens à citer le lettreur, Nate Piekos, qui est à l'origine de nombreuses polices utilisées par Marvel, Image ou DC. Il donne ici un véritable sens graphique aux dialogues et un fort impact aux censures langagières que Skottie Young déjoue avec une aisance déconcertante. D'ailleurs, la traduction est aussi de bonne qualité, malgré quelques répétitions gênantes (mais je chipote).
I hate Fairyland, c'est l'histoire de Gertrude, 6 ans d'apparence, 27 ans d'errance à la recherche d'une clé la permettant de rentrer chez elle. Toutes ces années ont fini par la faire vriller en une psychopathe assoiffée de sang et grâce aux lois du monde magique, elle est immortelle.
En mode Dora l'exploratrice, elle massacre, pille, pète tout sur son passage, ni une ni deux en tuant quiconque aurait le malheur de croiser son passage. Skottie déborde d'imagination quand il s’agit d’exterminer des êtres inoffensifs, mais la je m’égare. Dans sa fluidité, le récit introduit de l'humour noir, use du comique de répétition (petite pensée aux membres de la Guilde des Narrateurs). Il introduit aussi des personnages secondaires loufoques comme ce pastiche de Jiminy Cricket totalement désabusé et fait vivre à Gertrude des situations extrême comme exterminer une armée de champignons soldats en les dévorant pour finir par s’échapper à dos de cochon volant en plein trip de LSD (c’est la base). I hate Fairyland, c'est intelligemment sadique et bourré de cliffhangers savoureux, celui qui clôture ce premier tome est d’une efficacité indéniable.
Il est important de préciser que cet OVNI n'est pas à placer entre toutes les mains, en effet sous ses airs cartoonesques, certaines images ont un caractère d'une rare violence (c'est pas un cadeaux à faire au petit cousin kevin).
Avec un prix de lancement de 10e, valable jusqu'au 30/06/2017 et les cinq premiers épisodes de la série, I hate Fairyland tome 1 est un indispensable de ce début d'année. Les inspirations et les influences de Skottie Young devrait toucher un large public, le récit permet un moment d’égarement dans un monde sans limite.