1993. Retour vers un passé pas si clair. L’auteur d’un roman à succès évoquant sa jeunesse dans le maquis revient sur les lieux des événements à l’occasion du tournage d’un film tiré de son roman. Le retour va réveiller des souvenirs douloureux, et révéler une vérité moins glorieuse que celle de la légende.

On a là une belle histoire d’amour, mais surtout une présentation d’une réalité plus complexe qu'on ne la présente parfois : bien sûr, on voit la barbarie nazie, la répression terrible, bien sûr il y a la Résistance, mais celle-ci est multiple, il y a des conflits, notamment entre les hommes des maquis et les responsables des grandes organisations de résistance ou en lien avec Londres. Il y a des héros, et des hommes plus ordinaires. Il y a la trahison aussi, et la lâcheté de la plupart des habitants.

L’album est terriblement bien construit. Sokal fait de nombreux allers-retours entre le présent et le passé, entre trois moments : les événements de 1943-1944, le retour de l’écrivain dans le village ; des témoignages postérieurs à ce retour. Ce qui est étonnant, c’est la fluidité du récit, on passe d’une époque à l’autre très naturellement. Le noir et blanc ancre le récit dans le temps (une nouvelle version a été colorisée, je ne l’ai pas lue). Les hommes ont vieilli, mais les lieux ont peu changé, et le passé est le même, bien qu’une partie, pas la plus belle, en ait été occultée. On apprend donc peu à peu ce qui s’est produit dans ce village peu avant la Libération, puis au retour de l’écrivain dans les années 1990. C’est l’histoire d’un homme qui a vécu un drame et qui ne parvenait à en sortir que par l’alcool, jusqu’à ce retour au village où il fait exploser la vérité et une réalité pas si belle à voir.

L’histoire est émouvante, et Sokal talentueux, incontestablement. Au-delà d’un joli titre, on a là un album agréable et d’une fluidité rare, malgré l’enchevêtrement des personnages. Un auteur que je ne connaissais pas, à découvrir davantage, même si je ne suis à priori pas plus attiré que ça par Canardo. A tort, probablement.
socrate
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le 6 nov. 2014

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