Le Voyage de Ryu par darkjuju
Critique de l’intégralité de la série
Shotaro ISHINOMORI a commencé sa carrière comme assistant d’Osamu TEZUKA. Aussi prolifique que son mentor, il s’en rapproche visuellement, mais a su développer son propre univers.
Ryu se réveille après un long sommeil cryogénique. À bord de sa navette, il est le seul survivant, l’équipage étant mort de vieillesse. Perdu sur une planète hostile, peuplée d’animaux sauvages évolués et dangereux, il découvre qu’il est sur la Terre. Notre héros décide d’explorer la planète à la recherche d’une civilisation.
Cette oeuvre de science-fiction, nous fait découvrir un monde où la nature a repris ses droits. L’histoire, pleine d’actions et de révélations, est superbement menée. L’auteur distille habilement les modifications que la Terre a connue. Les espèces végétales et animales dominent, et toutes traces de civilisation ont disparu. Cela n’empêche pas Ryu de croire en l’humanité avec une volonté de fer. Il découvre d’anciennes traces de vie, autant primitives que futuristes, et rencontre des personnages improbables et des lieux insolites. Notre rescapé veut connaitre la vérité sur le changement brutal que la Terre a enduré et il ne sera pas au bout de ses surprises ! De plus certains pouvoirs se manifestent chez lui, ce qui l’éloigne de sa nature même et de ses convictions.
Véritable critique sur l’évolution de l’homme et ses conséquences, l’oeuvre met en garde le lecteur face au progrès utilisé pour faire la guerre, le gaspillage des ressources et la folie des hommes. Le manga nous dresse un tableau avec de nombreuses situations entre espoir et désillusion.
Le dessin est très détaillé au niveau des décors et des monstres, les personnages et vaisseaux sont dessinés plus simplement, dans les standards de l’époque (1969). Le Mangaka n’hésite pas à torturer ses pages, et créer des paginations peu ordinaires. Il prend plaisir à réaliser de sublimes pages doubles avec des décors renversants. La représentation des robots et ordinateurs est aujourd’hui vieillotte, mais pas ridicule.
Glénat, dans sa collection « Vintage » a publié ce titre. L’édition en elle-même est correcte, même si elle est publiée dans un format pour réduire les coûts. L’éditeur prend le risque d’éditer ce titre et ce choix est tout à fait justifié. Toutefois tout n’est pas rose dans l’édition, par moments le papier manque un peu d’épaisseur, la couverture est fine et très fragile, et les pages doubles sont trop proches du centre du livre, ce qui empêche parfois d’apprécier pleinement le dessin. À noter qu’il n’y a pas de couverture amovible, ni de postface sur l’oeuvre.
Cette oeuvre mêle voyages spatiaux, terre désolée, évolution de la vie et souhaite établir une réflexion sur nos actions, notre égoïsme et notre folie des grandeurs. Véritable bijou de science-fiction, l’auteur démontre son talent dans ce type de récit, en mélangeant une vie primitive et futuriste très bien mis en scène. Concluant sur une excellente fin.
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