[Critique de la série complète]
Judée, an 30 de notre ère. Les vieux Jonas et Zébédée, rentrant d'une pêche infructueuse avec leurs fils, voient ces derniers remonter aussitôt à bord de leurs embarcations en compagnie d'un étranger disant s'appeler Jésus. De retour quelques heures plus tard avec des poissons par milliers, Simon-Pierre, André, Jacques et Jean abandonnent père et mère pour emboîter le pas de ce mystérieux Nazaréen...
Le lendemain, les paternels partent à leur tour sur la route pour retrouver leurs enfants, dont la présence est requise pour contribuer à la subsistance du foyer. En chemin, ils font la rencontre de Simon, père de Judas, et d'Alphée, père de Matthieu, qui se sont lancés dans une semblable quête. Au gré de leur cheminement sur les routes de Judée et de Galilée, les vieillards rencontreront des personnages hauts en couleurs, miraculés ou incrédules, dont deux anciennes prostituées repenties après leur rencontre avec le Christ. Leur quête matérielle finira, évidemment, à Jérusalem, au moment où Jésus est arrêté, jugé et crucifié. Quant à leur autre quête, celle de la foi...
On ne peut qu'être séduit par la lecture de cette trilogie, qui allie savamment humour et questionnement spirituel sans jamais tomber dans l'excès d'un côté ou de l'autre. Croyant ou pas, Le Voyage des pères invite le lecteur à la réflexion sur le message de la Révélation, quelque part entre le déni obstiné de Jonas et le ralliement presque spontané d'Alphée. Admirablement dessinée avec ses personnages aux traits presque caricaturaux mais éminemment expressifs, cette histoire - fictive, bien sûr - dans l'Histoire oscille constamment entre rigolade et émotion, en particulier lors des scènes où Simon apprend la trahison de son fils et, plus tard, découvre sa triste fin.
Une trilogie, poursuivie par un tome 4 mettant en scène le voleur Barabbas, relâché par Ponce Pilate plutôt que Jésus à la demande du peuple, qui n'est pas loin de constituer un chef-d'œuvre !