Parcelier, pourquoi avoir arrêté la BD ?
Le cycle de la malédiction des sept boules vertes, est une bd que j'empruntais régulièrement quand j'étais gosse, du coup c'est vrai que comme Sébastien dans une autre critique, j'ai un peu de mal à la juger objectivement.
Mais qu'importe ! Ce cycle est pour moi une oeuvre atypique qui n'a pas eu le succès qu'elle mérite (ou peut être l'a-t-elle eu ?).
Le dessin est très atypique : un mélange de ligne claire avec un petit côté impressionniste. Je me souviens très bien de la façon magnifique et vivifiante avec laquelle Parcelier sait rendre la campagne (L'auberge du Bossu) ou les villes pleines d'activités (La Poursuite). Dans son univers plein de bâtisses tordues et de buissons touffus, chaque petit recoin semble abriter un lutin espiègle ou un chat noir prêt à vous surprendre. Il sait aussi, avec peu de traits, donner vie à ses personnages et faire ressortir leurs caractères respectifs : Osgur le bûcheron taciturne, Odi le magicien farfelu, Guilio l'éternel aventurier très curieux...
Ce qui m'amène à vous parler de l'univers : Guilio, un jeune garçon plein d'idées de voyage, est coincé au milieu d'un petit pays cerclé d'une immense forêt. Les quelques gens intrépides du coin tentent parfois d'emprunter l'unique chemin qui semble mener ailleurs : une chemin rectiligne presque surnaturel dont personne n'est jamais revenu. Guilio va tenter lui aussi sa chance. Les aventures de Guilio vont l'amener à découvrir un vaste monde fantastique et s'acoquiner avec une malédiction particulièrement attachante, sous la forme de petites boules vertes qui, curieusement, lui tombent toujours dans les pattes.
A mi-chemin entre la fantasy et le merveilleux, l'univers de Guilio a un je-ne-sais-quoi de très différent par rapport à ce que j'ai pu voir dans le genre en BD ou en bouquin. Son histoire est hors du temps, dans un endroit étrange et pourtant relativement commun (Moyen Âge légèrement fantastique), empruntant à beaucoup d'univers. Le scénario n'est pas exceptionnel mais il nous fait voyager, par petite touches successives, dans des endroits qu'on aimerait tellement explorer (la côte surréaliste de la "Chasse au Dragon"). On en apprend peu sur le monde et les pays que ce jeune garçon traverse, mais ces bds m'ont fait rêver quand j'étais gosse et je les ouvre avec toujours autant d'enchantement maintenant.
Voilà pour la critique. Si jamais ça vous intéresse, ces bds sont devenues assez dures à trouver mais je viens d'entendre parler d'une réédition. Le premier tome est déjà disponible (merci Sébastien Aurousseau pour la news), même si je trouve la colorisation un peu trop flashy et numérique, qui ne fait pas honneur aux tons pastels de l'original (enfin si ça se trouve c'était juste dû aux limitations de la palette de couleur chez l'imprimeur...). Ça aura au moins le mérite de faire découvrir aux nouvelles générations ce chef d'oeuvre.
Une sorte de prologue a vu le jour après la série d'origine, dont les fiches ne sont pas sur Sens Critique, baptisé "Guilio et le drôle de monde". D'une qualité égale, voir supérieure, elle reprend la vie de Guilio après son étrange changement d'état (mystère, je n'en dis pas plus ^^ !).
Enfin, le "Lutin Farceur", un genre de Hors Série, mérite une critique à lui tout seul tellement il recèle de qualités et de bonnes idées.
Un conseil, ne vous laissez pas trop décourager par le premier tome si vous n'êtes pas trop inspirés, la série prend de la profondeur avec la suite. Si vous voulez découvrir, des fans ont mis en ligne les PDF du cycle avec l'autorisation de l'auteur : http://www.notesdevoyage.com/journal/index.php?post/2009/03/14/92-bd-de-laurent-parcelier-guilio-et-la-malediction-des-sept-boules-vertes