Viens, Harutsuna, viens !
Ce deuxième tome des Années Douces a quelque chose de trop fantastique, qui rompt largement avec le premier. La distinction en deux tomes est donc assez compréhensible. Il s'attache plus sur un aspect narratif et poursuit la relation avec le maître d'une manière plus profonde, et tout aussi belle — voire plus. On suit le cheminement intellectuel et affectif de Tsukiko, la presque ambiguité de cet amour bridé, les intentions humbles et calmes du maître, les scènes et les nus d'une sensualité magistrale d'une manière tout à fait Taniguchi ; toujours justement dosée, reposante et émotionnelle.
Mais justement, ce dernier tome se perd peut-être trop dans la narration. Le trop plein de flashbacks et l'incohérence de la chronologie empêche de s'attacher entièrement. " Sur la grève " ou " Le cartable du maître ", qui aurait pu se placer comme un point final magistral, sont encore très flous et je n'ai pas réussi à les apprécier à leur juste valeur, en raison de ce doute. Je m'abstiens de parler des Tengus et de la fin, surtout que même le dessin devient simpliste et creux.
Et non, je n'admettrai jamais que c'est la volonté de l'auteur de créer une ambiance onirique de perdition, j'ai vu tellement d'artistes qui essayaient de justifier cette erreur par cet argument facile et foireux que je n'ose pas l'entendre de la bouche du maître.