Le moins que l'on puisse dire, c'est que lire cette compilation des "auto-portraits" de Crumb, travaillant ses éternelles obsessions sexuelles sadiques et perverses, le mettant en scène face aux nombreux accusateurs qui l'ont toujours vilipendé (journalistes, bigots, féministes, etc.) dans des dialogues aussi violents qu'inconfortables, n'est pas forcément une balade de santé. L'auto-analyse est rude, sans un soupçon d'auto-complaisance, tant Crumb prend la mesure d'une certaine abjection à l'œuvre dans son travail autour de ses fantasmes délirants, mais la revendique comme "auto-médication" (que ferais-je comme horreurs si je ne laissais pas sortir ça dans mon Art?) autant que comme déclaration d'indépendance suprême de l'artiste vis à vis des conventions, des règles, voire des lois de la société. Tout cela est indiscutablement culotté, déstabilisant souvent, intimidant parfois. Comme le dessin est - évidemment - sublime, on est forcément saisi devant l'ambiguïté féroce qui se dégage de ces réflexions souvent cruelles. A ne pas mettre entre toutes mains, comme on dit ! [Critique écrite en 2010]
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