Les Aventuriers du temps perdu, premier tome de la série Azimut, c’est un peu comme une fête foraine tenue par Lewis Carroll et Jules Verne : loufoque, visuellement spectaculaire, et impossible à oublier. Wilfrid Lupano et Jean-Baptiste Andréae t’embarquent dans un monde où le temps se perd, où les étoiles parlent, et où chaque page te pousse à réajuster ta boussole mentale.
L’histoire suit des personnages aussi farfelus que fascinants dans un univers où le fantastique flirte avec l’absurde. Entre un explorateur à la recherche du Nord qui a fui, une femme fatale aussi belle qu’intrigante, et un lapin mécanique philosophe (oui, vraiment), Azimut est une véritable boîte à idées farfelues. Mais sous cette couche de légèreté se cache une réflexion subtile sur la fuite du temps et l’absurdité de nos quêtes personnelles.
Le dessin de Jean-Baptiste Andréae est un chef-d’œuvre en soi. Chaque planche est une explosion visuelle, mêlant détails exquis, couleurs éclatantes, et compositions à couper le souffle. Les paysages sont si vivants qu’ils semblent respirer, et les personnages, avec leurs visages exagérés et leurs costumes improbables, sont tout droit sortis d’un rêve fiévreux. C’est beau, c’est bizarre, et c’est un plaisir pour les yeux.
Wilfrid Lupano, fidèle à son style, jongle avec les dialogues et les situations avec une élégance déconcertante. L’humour, souvent absurde mais toujours pertinent, équilibre parfaitement les moments de gravité. Les personnages sont irrésistiblement attachants, même (surtout ?) quand ils semblent n’avoir aucune idée de ce qu’ils font. Le scénario avance parfois en zigzag, mais ce chaos apparent fait partie du charme : on se laisse porter sans trop chercher à comprendre.
Cependant, ce premier tome est aussi un pari. Le rythme déconcertant et l’univers foisonnant pourraient perdre les lecteurs habitués à des récits plus linéaires. Ici, il faut accepter de ne pas tout saisir immédiatement, de s’immerger dans un monde où la logique n’est qu’une option parmi d’autres.
En résumé : Les Aventuriers du temps perdu est un premier tome qui bouscule tes repères et te fait perdre la notion du temps (sans mauvais jeu de mots). Une œuvre d’une beauté visuelle renversante, servie par un récit inventif et décalé. Si tu es prêt à lâcher prise et à te laisser emporter par un tourbillon de folie douce, ce voyage est fait pour toi. Mais attention : on ne revient jamais tout à fait le même d’un tel périple.