C'est pas parce qu'on est aveugle qu'on voit mieux que les autres !
D'abord, l'histoire commence par une chute ! Voilà donc un bon début (pas besoin d'attendre la fin) ! Je sais ce n'est pas fin, c'est pour ça que je le place au début, pour que le lecteur ne reste pas dès le début sur sa faim.
Un début marqué aussi par un hommage non dissimulé à la Parabole des aveugles de Bruegel l'Ancien. Dès le début, on comprend donc vite qu'on est dans l'anachronisme et dans un univers barré empli de clins d'œil et de références.
Il y est question d'aveugles, bien entendu ! Mais aussi, dans le désordre, de Van Gogh, de la fée Nievenne (qui n'est autre que Viviane), de Maître Renart, de Merlin, de la nonne anonyme ou du baron nul en quête d'une quête !
J'aime bien l'écriture, le style volontairement ampoulé de certains personnages, j'aime bien aussi la façon qu'a F'Murrr de dessiner les paysages ou l'ermitage, ainsi que les couleurs employées. C'est aussi une bande dessinée aérée, où F'Murr fait parfois le choix de quatre grandes cases par page.
En revanche, si j'ai bien aimé le début de l'album, j'ai trouvé la suite moins convaincante, un peu trop barrée peut-être, avec une fin décevante. Autres critiques : je trouve que F'Murrr n'a pas assez exploité l'imposture de Cecitus Mimus et on devine très vite qui est la nonne. Ensuite, j'ai aussi l'impression que F'Murrr cherche un peu à placer tous les jeux de mots avec « aveugle », après les avoir listé dans un dictionnaire d'expressions, même si ce n'est pas trop mal fait. Enfin, j'ai aussi eu l'impression de ne pas avoir tout compris : il me manque sans doute des références, notamment au sujet du Roman de Renart dont je n'ai gardé que peu de souvenirs.
Bref, quoiqu'on pense de l'album, je dirais que mieux vaut lire ça que d'être aveugle. C'est un peu dur pour l'album, mais je n'ai pu résister à la tentation de ce mauvais jeu de mots. Désolé pour la chute...