Curieux album que celui-ci : nouveau dessinateur et un scénario assez étrangement ficelé.
En effet, l'histoire comporte de bonnes idées mais aussi bien des mauvaises. Ainsi donc, l'histoire démarre trop lentement : on ne sait pas trop pourquoi Alix reste alors qu'il devrait prévenir le Sénat, de même que le méchant ne semble pas doué pour se débarrasser des deux fouineurs. Ce début est inutilement étiré mais laisse place à une aventure sympathique. Les résolutions sont parfois saugrenues, il y a des passages carrément Z, il y a aussi pas mal de violence dans cet album.
Le dessin est figé et parfois mal proportionné, un peu comme dans les premiers albums de Martin. Mais je ne sais pas pourquoi, tant de laideur, j'ai fini par trouver ça beau. Il y a quelque chose de naïf qui se dégage de ce graphisme et c'est plaisant. Les couleurs sont également hideuses (j'imagine que Martin s'occupait lui-même de la mise en couleur pour qu'il y ait un tel changement).
Enak m'a bien fait rire. Il est le dindon de la farce, il la ramène un peu trop, il tombe malade, on lui dit qu'il restera l'ombre d'Alix toute sa vie et surtout il y a ce moment magnifique à la page 22 : Alix déclare solennellement que la troupe de romains va se faire massacrer, sous-entendant qu'ils sont aussi en danger puisqu'ils accompagnent ces fous... et tout ce que Enak trouve à répondre, c'est qu'ils auraient dû rentrer à Rome car... il y fait plus chaud ! En même temps, après tout ce qu'il s'est pris sur la tête, ce n'est pas étonnant. Je me suis aussi bien marré par rapport au fait qu'il se soit découvert un talent d'artiste ; la réaction des autres vis-à-vis de son talent fait sourire aussi ("ha il y a des artistes à Rome").
Bref, cet album comporte de grosses maladresses (surtout graphiques) mais aussi quelques qualités narratives ; l'un dans l'autre, je me suis plutôt bien amusé.