Zidrou et Laurent Bonneau, en voilà un joli duo. Ils troussent ici un polar se focalisant davantage sur l’intimité de l’un des protagonistes que sur l’enquête en cours. Un polar qui ne donne pas dans l’action mais joue plutôt sur les dialogues, les petits riens, les attitudes. Un peu comme ce que Tardi a fait en adaptant les romans de Jean-Patrick Manchette : on s’attarde beaucoup plus sur les comportements que sur la psychologie des personnages, on multiplie les silences, les non-dits, et on laisse le lecteur les interpréter à sa guise.
Le découpage est simple et les cadrages très travaillés, d’une précision clinique. Le dessin de Laurent Bonneau, parfois proche du photomontage, donne une impression assez statique, s’attardant souvent sur l’expression des visages en gros plan. Un parti pris graphique qui donne au déroulement du récit une froideur à la fois étrange et hypnotique.