On se doute que Lolita Séchan n'a pas eu plus de difficultés à se faire éditer qu'elle n'en a eu pour financer à 22 ans un voyage d'un mois au Vietnam alors qu'elle n'est encore qu'étudiante. Passé ces réticences de polémiste invétéré, je me dois de reconnaître que la fille de Renaud n'avait pas besoin d'afficher son ascendance pour mériter d'être publiée.
"J'étais partie me chercher et je l'ai trouvée elle." Ainsi s'exprime celle qui, plutôt que de suivre une psychanalyse, choisit "d'aller voir ailleurs si elle y était." Elle, c'est Lo Thi Gom, la petite Vietnamienne de douze ans rencontrée à Sapa dans les montagnes du Nord où vit la communauté ethnique des Hmong à laquelle elle appartient, une communauté démunie et méprisée par la majorité de la population vietnamienne.
Après une très intéressante évocation du pays sous une forme s'apparentant à un carnet de voyage, Lolita Séchan dépeint ensuite principalement la forte relation qu'elle y entretient avec Lo Thi Gom durant une dizaine d'années, à l'occasion des courts séjours qu'elle effectue à Sapa. A travers les échanges sur leurs modes de vie, Lolita évoque plus brièvement le mal de vivre de son père et sa relation avec son compagnon Renan Luce, lui aussi chanteur.
Même si l'on est en droit d'être agacé par une certaine affectation ( pas davantage de pagination que de traduction de l'anglais et du vietnamien), on ne peut que conseiller la lecture de cette bande dessinée tout en délicatesse, tant par le graphisme que par les mots.