Dire que je n'aimais pas du tout du tout le trait de Tardi quand j'étais gosse ! A présent que je dessine moi aussi, je me rends compte de la souplesse et de l'expressivité de son écriture et je bée d'admiration. Il y a de l'espoir dans la vie, donc, même les publics les plus obtus peuvent évoluer, pour peu qu'on leur laisse trois ou quatre décennies de recul. En prime, je ne peux pas nier un petit virage libertaire - bien modeste, en comparaison de l'engagement de Tardi - qui me fait sentir une connivence particulière avec ses récits rageurs et dépités. Dans le cas qui m'occupe, ça tombe bien, ça parle de la Commune. Cet âge d'or de l'égalité dont j'ignore à peu près tout et que l'histoire de ce Cri du peuple me permet d'appréhender de l'intérieur, de façon incarnée et plaisante à la fois. Car le scénariste a pris soin de tresser habilement destins particuliers et histoire de France pour dresser le portrait de cette parenthèse enchantée à la fois que sanglante qui lui tient particulièrement à cœur, si j'en crois sa préface pleine de verve. Bref, j'étais en de bonnes mains pour entrer dans cette fresque tonitruante qui anime un Paris aux multiples visages, savamment illustrés par les soins de Tardi, très à l'aise dans la reconstitution historique. A la manière d'un feuilleton de l'époque, le premier volume se finit sur une volée de questions qui me pousse à ouvrir le second de ce pas !