Un troisième tout aussi passionnant avec de nouveaux complots à la cours intérieure de la Cité interdite. Alors qu'on commençait à percevoir les jalousies et rivalités intestines au sein des concubines ( parfois même au sein d'un même pavillon), voilà que notre petite apothicaire comprend que les épingles servent à circuler entre les deux cours, dans un sens ou l'autre en fonction de qui offre quelle épingle à qui. Avec trois de ces petits cadeaux en poche, Mao Mao décide de s'en servir pour passer du temps hors de la cité, chez elle, dans le quartier des plaisirs. Pour y parvenir , elle négocie son passage avec le moins titré de ses donateurs, un soldat du nom de Lihaku. Ce n'est pas le pogo le plus dégelé de la boîte, mais il fera l'affaire et du reste, Mao Mao a des arguments persuasifs, car l'apothicaire a des contacts au palais Vert-De-Gris, réputé pour trois de ses superbes courtisanes. À peine débarquée audit "palais", et accueillit avec rudesse par sa féroce patronne, Mao Mao a à peine le temps de se rendre chez elle qu'une autre urgence lui tombe dessus. Une petite fille vient la quérir chez elle et l'entraine dans un autre bâtiment de courtisanes,où ce qui s'apparente à une double tentative de suicide suscite l’émoi . Mais est-ce bien de cela qu'il s'agit? Entre ses retrouvailles avec son père et ce cas qui ne cesse de lui revenir en tête, notre jeune apothicaire apprend que certaines vérités ne sont pas bonnes à dire. Le tome clôture avec un autre cas de mort étrange, celui d'un capitaine bourreau de travail qui a la dent très sucrée et la bouteille facile, qui s'est pourtant gorgé d'alcool très salé.



Deux choses que je retiens de ce tome: Primo, je ne pensais pas que le rôle des courtisanes pourrait être en réalité si platonique. Il semble que plus elles sont belles, moins elles offrent leur faveurs. Elles me rappellent certaines courtisanes italiennes, prisées pour leur esprit cultivé et leur côté plaisant à regarder ( mais elles avaient aussi une fonction de luxure). C'est un peu surprenant comme élément, car il est plus généralement admis que les belles femmes deviennent aussi les prostituées les plus prospère. Il n'est pas question de cela ici. C'est même le contraire: les filles considérées moins "épanouies" se retrouvent dans les maisons closes.



Aussi, les concubines sont réellement des oiseaux en cage dorée. Elle n'ont qu'une fonction importante: porter des héritiers [ mâles de préférence]. Certaines d'entre elles sont même là sous d'obscures raisons politiques, pas encore évoquées dans le manga. Le tome 4 soulève encore un peu un pan de rideaux sur le sujet.



"Les carnets de l'apothicaire" interroge le rapport entre les classes sociales tout comme il met en relief la difficulté d'être femme en Chine, surtout belle et de famille nantie.


Secundo: Renconter le père de Mao Mao permet de mieux cerner l'héroïne elle-même. Issue d'un milieu modeste, ce n'est pas tant en raison de leur profession, qui devrait même être bien plus rentable vu le degré d'expertise requis. C'est plutôt que le père de Mao Mao semble dédaigner l'argent. C'est un homme qui semble doux, habile, réfléchit et humble. C'est un personnage qu'on ne voit que peu, en réalité, mais j'aimerais bien qu'il ait davantage de place. Il me semble que sa fille et lui partage une belle relation respectueuse, loin du cliché traditionnel du père dominant et ambitieux. À l'insar de Moa Mao, c'est une "force tranquille" dont les hautains et les sots feraient mieux de se méfier.



Intéressante incursions hors des murs de la cité et un axe qui tend encore plus vers le manga d'investigation sous couvert historique.



Aussi, j'apprécie toujours autant la nature lucide et réaliste de Mao Mao face à ce paon de Jinshi, pour une fois qu'il y a un personnage féminin qui reste réellement de glace face à ce genre de belle gueule, ça fait du bien. Pour une fois qu'une fille de tête sait conserver toute sa tête, ça se fête!



Vivement la suite.



Pour un lectorat jeune adulte, 17 ans et plus.

Créée

le 19 mars 2023

Critique lue 12 fois

Shaynning

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