Necronomicon
Je continue mon exploration dans l'univers de Lovecraft. Dagon Un récits, empreints de terreur et de confusion, dévoilent une rencontre effrayante avec une créature marine ancienne.Celui qui hantait...
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le 2 oct. 2024
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Après les avoir beaucoup attendus, nous sommes désormais habitués à voir arriver les adaptations de nouvelles de Lovecraft par Gou Tanabe (The outsider, Kasane).
Celui qui hantait les ténèbres date de 2016 et a donc été dessiné avant les mangas faisant actuellement partie de la collection « Les chefs d’œuvre de Lovecraft » excepté La couleur tombée du ciel.
Ce one-shot contient 2 histoires relativement courtes qui ont des éléments en commun sans pour autant se répéter. La rapidité de la lecture ne m'a pas posé problème. J'ai trouvé les 2 récits particulièrement intenses et prenants.
L'ouvrage s'ouvre sur une histoire faisant un peu plus de 30 pages. Adaptée de la nouvelle Dagon, elle a été écrite par Lovecraft en 1917. On y suit un marin qui se perds dans le pacifique à bords d'un simple canot. Une nuit, alors qu'il sort d'un cauchemar, son canot est échoué au milieu d'une immense étendue dégageant une odeur fétide et mue par d'étranges ondulations. Ne voyant plus aucune trace de l'océan, le marin s'aventura dans ce territoire désolé.
Le récit est glaçant du fait qu'on découvre ce lieu étrange au travers de l'errance du marin. En y faisant la rencontre d'une créature inimaginable et d'un lieu terrifiant, l'esprit de l'homme chavire. Peur de ce qui est inimaginable, de ce qu'on ne comprends pas, incompréhension de ses pairs.. La perte de la raison du personnage est d'autant plus touchante qu'elle est comprise et partagée avec le lecteur.
J'ai trouvé ce récit vraiment prenant même si sa durée ne permet pas de développer beaucoup l'histoire. En peu de pages, Gou Tanabe arrive à nous mettre dans la peau du personnage, à nous faire partager son effroi puis, la terreur qui le hante sans le lâcher.
L'histoire qui donne son titre au manga : Celui qui hante les ténèbres a été écrite par Lovecraft en 1935 et s’étend en 3 chapitres sur tout le reste du livre. On y découvre l'étrange histoire de Robert Blake, un artiste retrouvé mort enfermé chez lui sans que l'on comprenne la raison de son décès.
On retrouve un procédé narratif proche de l'histoire précédente. On suis un personnage seul qui découvre un lieu terrifiant où réside une forme de vie surnaturelle. La peur le poursuit jusqu'à troubler sa raison.
Ce récit, plus long, permet de travailler plus finement l’atmosphère fantastique, la rencontre avec le surnaturelle et ses conséquences. Si l'on peut tisser des liens entres les 2 histoires, Celui qui hante les ténèbres peut être lu comme un approfondissement et un développement de Dagon. Plus longue, plus récente et placée en 2ième dans le recueil, cette histoire est vraiment passionnante et instaure une ambiance des plus réussie.
On sait dès le dépars que la curiosité de Robert Blake le mènera à sa perte. Pourtant, l'auteur arrive à rendre le personnage attachant malgré un développement plutôt fin (comme souvent dans les adaptations de Gou Tanabe mais ça viens peut être des écrits de Lovecraft je ne sais pas).
La curiosité face à un lieu étrange, sa visite interdite, la découverte de l'histoire du lieu et de ce qui y vit.. tout cela est très bien raconté et amène le lecteur a être curieux aux côté de Robert Blake. On se met à sa place, dans un premier temps fasciné comme lui, puis intrigué, apeuré et enfin terrifié par ce qui vit dans les ténèbres. Le dernier chapitre, raconté comme si on lisait le journal de Blake propose une lente et fascinante montée en puissance de la terreur face à l'invisible.
Les 2 histoires jouent sur l'imagination du personnage principal. Où est la vérité ? Les monstres viennent d'autres mondes ou est-ce qu'ils sortent de l'imagination des personnages ? Si certaines illustrations font perdre l'aspect mystérieux qui demande au lecteur d'imaginer l'inimaginable, Gou Tanabe arrive à rendre presque réel l'irréel sortant de l'imaginaire de Lovecraft. On perds un peu du pouvoir de l'imagination qui est plus présent à la lecture des romans pour découvrir la vision de Gou Tanabe qui est des plus fascinante. (Je repense à la courte mais intense vision de l'autre monde dans la seconde histoire, glaçant et ).
Afin de mieux coller au regard du personnage principal, les 2 récits adoptent une narration à la première personne. On découvre l'histoire par leur regard et ce procédé est aussi simple qu'efficace.
Les créatures et phénomènes fantastiques sont présentes dans les pages pourtant, les histoires sont racontées de manière à nous faire douter et penser que tout sors peut être de l'esprit troublé du personnage. Cela accentue l'impression d'étrangeté des récits. D'où sortent ces créatures terrifiantes? D'un ailleurs ou de l'esprit des hommes?
Lovecraft joue habilement avec les peurs humaines. L'inconnu, ce qui viens d'ailleurs, ce qui est inexplicable, les abîmes, l'obscurité.. On retrouve ces peurs millénaires au centre des 2 récits.
Le dessin de Gou Tanabe fait des merveilles. Il est particulièrement habile pour mettre en place une ambiance effrayante et mystérieuse. Les décors sont sublimes, la narration est très fluide et certaines pages offrent une vision qui marque même une fois le livre refermé.
On peut cependant retrouver la difficulté habituelle de l'auteur pour rendre ses personnages expressifs et vivant au niveau du visage. Je trouve cet aspect cependant moins marqué que dans certaines de ses œuvres. En revanche, j'ai trouvé certaines pages peu lisible mais heureusement elles sont peu nombreuses.
La faible durée des récits demande au lecteur de se plonger immédiatement dans l'histoire. La puissance graphique aide mais le manga se savourant surtout pour son ambiance, il serait dommage de ne pas profiter pleinement de la lecture. Peut être moins fascinant que les adaptations des récits plus longs de Lovecraft, Celui qui hantait les ténèbres n'en est pas moins une lecture particulièrement intense.
J'ai vraiment apprécié ce recueil et plus particulièrement l'histoire éponyme. On est glacé par l'horreur indicible des histoires tout en étant fasciné par la beauté irrésistible qui se dégage des pages. J'aime décidément beaucoup ces adaptations de Lovecraft par Gou Tanabe.
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Créée
le 10 avr. 2021
Critique lue 259 fois
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