Attention, ça sent le pulp, le magazine en papier-chiotte pour nerd des années 70-80, à la rigueur le fan de Pif Gadget et Super Hercule (RIP).
Le scénario : Il y en a un, mais honnêtement, qui s'en soucie ? On sait bien qu'il y aura toujours une fille avec pas beaucoup de vêtements sur le dos, des guerriers patibulaires, un mage démoniaque, et une quelconque histoire de sortilège dont Conan se tirera avec toute la diplomatie qui est la sienne - entendre à grands coups d'épée batarde, de rocher, etc... Avec un dernier plan où Conan part avec la fille pendue à son cou. Bon je simplifie, y'a de la diversité, mais tout de même, c'est à peu près ça.
Le premier tome (merci à Arnaud de me l'avoir passé), et notamment les premières histoires, ont quelque chose de très fruste, à l'image du héros. Graphiquement, l'espace est moins représenté comme un continuum que comme un chewing-gum qui s'étire au gré des scènes d'action. La compo relève plus d'un enchaînement d'illustrations de jeu de rôle papier que de la bande-dessinée. Les dialogues... Mon Dieu. Je n'ai jamais lu un truc aussi premier degré. Mais c'est ça qui rend fascinant, hein.
Car la magie est réelle. Les jolies illustrations pallient l'absence de transition. La magie, élément récurrent jamais expliqué, et le contexte historique/politique, présenté à la hussarde, sans souci de profondeur, obligent l'imagination à travailler, et bizarrement ça marche. Les noms à intonations de démons lovecraftiens tiennent lieu d'explication à ce qui se passe.
Alors ce n'est pas un chef d'oeuvre, hein, et quelqu'un qui me dirait "c'est ma B.D. préférée", je lui dirais : "Ha ouais, bon, ok". Mais ça garde quelque chose que les B.D. trop ciselées aujourd'hui n'ont plus. Quelque chose de gratuit, de très bête et de généreux.