A partir de l'arrivée de Goscinny, les albums de Lucky Luke se divisent un peu en deux catégories : ceux qui se concentrent sur un ou plusieurs desperados (plus ou moins vrais) et ceux qui enrobent un épisode ou une épopée historique (plus ou moins vrai). Cet album se classe dans la deuxième catégorie, aux côtés des précédents Des rails sur la prairie, Ruée sur l'Oklahoma, A l'Ombre des Derricks. Bien d'autres albums de même nature suivront.
Le ton est donné par le discours du sénateur Wilkins en planche 1 :
Vous savez tous que la civilisation s'arrête sur le flanc Est des collines noires du Sud Dakota, or à l'Ouest de ces collines, dans les territoires à peine explorés du Wyoming s'ouvre une vaste région de plaines fertiles, aptes à la Colonisation ! Envoyons une expédition pour préparer cette colonisation ! Disons-nous que la civilisation doit franchir les collines noires !
Ni une ni deux pour accompagner cette colonisation plutôt vue ici sous l'angle scientifique, Lucky Luke dit "J'accepte !"
On retrouve bien là notre cow-boy solitaire, toujours prêt à escorter les expéditions étatiques bien que roulant pour sa bosse, n'étant jamais affilié à une quelconque institution.
L'épisode historique réel relaté ici est l'Expédition des Black Hills dont on sait que les desseins étaient nettement plus discutables que le ton jovial de l'album laisse à penser : il s'agissait plutôt de trouver et sécuriser les mines d'or, sous le commandement de George A. Custer. Ce terrible général américain a été par la suite célèbre pour avoir perdu la bataille de Little Big Horn face à Crazy Horse. Il n'est néanmoins pas cité dans l'album, ce qui montre bien que les albums de Lucky Luke de l'époque n'était pas comme aujourd'hui à vouloir faire du name dropping et des références inutiles.
Plus que la destination, c'est le voyage qui est conté dans cet épisode. Un voyage semé d'embuches par Bill Bullets. Ce méchant reprend d'ailleurs un peu les traits de Pat Poker ou Bad Ticket dans Le Juge, à savoir un desperados venimeux, longiligne, moustachu et bien habillé.
Les scientifiques qui accompagnent l'expédition sont plutôt loufoques et amènent cette saveur particulière à l'album même si celle-ci tarde à se lancer.
Les indiens sont comme dans l'ensemble de la période Dupuis tournés en caricature, Le 20ème de Cavalerie a de forts liens de parenté avec Les collines noires. Ils sont alcooliques, stupides et naïfs. Ceci changera assez nettement sous Dargaud avec des albums plus profonds comme Canyon Apache ou Chasseur de Primes.
Un bon album donc, classique du genre "historique" des Lucky Luke avec ses côtés agréables et moins bons aspects. La fin qui permet de mettre la lumière sur les intentions de Bill Bullets commanditées par le sénateur Stormwind est très bien trouvée.
Pour sortir de l'univers Lucky Luke tout en restant dans le 9ème Art, le conseil de la superbe BD Entunwan, Celui-Qui-Regarde traitant de ces expéditions scientifiques dans le Dakota.