Ce genre d’album vieillit bien mal, soyons honnêtes. L’éditeur se fait des choux gras avec des dessins d’actualité qui, quinze ou vingt ans plus tard n’ont plus nécessairement le même impact, avec des allusions qui nous échappent parfois. C’est le cas avec cet ouvrage classé sur SC dans la catégorie BD mais qui n’en est absolument pas une, ce sont là uniquement des dessins isolés mis les uns après les autres suivant quelques thèmes et dont la « drôlerie » est très variable (et qui ne sont même pas datés).

Je profite régulièrement de la caverne d’Ali Beau Papa pour découvrir tout un tas de bd. Je n’avais pas trop le temps ce week-end mais j’ai mis la main sur cet ouvrage, reproduisant les soi-disant dessins les plus drôles de Cabu. Evidemment, on ne peut les voir sans un brin de nostalgie et de tristesse, compte tenu de la fin tragique du sympathique dessinateur à la coupe au bol dont nous avions fait la connaissance lors de ses passages à la télévision.

L’ouvrage est préfacé par Pierre Drachline sous le titre « l’impertinence considérée comme un des beaux arts ». Je relève une phrase, notamment : « il faut du courage, de l’héroïsme parfois, pour tenter de prêter des expressions de vie à des politiciens et autres ilotes contemporains dont la marque de fabrique est la grisaille, la banalité, l’absence d’odeur ».

On a là des dessins datés, on est en pleine affaire Tiberi, dont on se contrefout aujourd’hui, mais qui était alors au cœur de l’actualité. On a d’autres personnalités un peu oubliées, Balladur, Seguin, Pasqua, surtout des hommes de droite d’ailleurs, ici, peu d’hommes de gauche caricaturés, mais on a déjà Sarkozy, qualifié par Cabu de « tête à claques ».

On a le beauf, bien sûr, qui lit par exemple son journal parlant de la journée de la femme pendant que la sienne fait la vaisselle, et affirme, souriant : « Tiens ! C’est vrai ! Y a longtemps q j’ai pas été rue Saint-Denis… ». Ou un autre qui clame : « Libérez sac à vin ! « Sakharov, eh ! Con ! »

On a quelques dessins intemporels, tels ces vacanciers qui se demandent s’ils vont reprendre le chien laissé au bord de la route au début des vacances, qui n’a pas bougé, mais qui est devenu un squelette, encore attaché à l’arbre ! Et puis d’autres, liés à différents personnages : Papon, Chirac, Allegre qualifié de « tête de nœud », l’Abbé Pierre. Passent aussi au grill, entre autres, les militaires (« chômeurs déguisés »), les Corses, le PC, le FN, les dopés, les rugbymens…

Et puis, sur un des derniers dessins de l’ouvrage, il y a la queue devant un cinéma pour aller voir Mad max 2, « la brutalité à l’état pur », et une bombe explose dans la rue, on voit des membres de victimes s’envoler, et un des gars dans la file d’affirmer : « maintenant, ils passent des bandes annonces en pleine rue ». Le terrorisme n’était pas qu’un fantasme, et cette année, les plus cons se sont attaqués à ceux qui raillaient avec humour leur connerie. Ce bouquin est inégal et daté, mais ton travail, Cabu, restera encore longtemps dans nos mémoires. Merci à toi.
socrate
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le 18 mars 2015

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