Avec Les Élémentaires, Jérôme Hamon et Antoine Carrion nous plongent dans un univers mystique où la nature reprend ses droits et où les humains, comme toujours, jouent les trouble-fêtes. Premier tome de la saga Nils, cet album est une ode visuelle à la magie des éléments, même si l’histoire, elle, peine parfois à suivre le souffle épique qu’elle promet.
L’histoire nous emmène dans un monde où les Élémentaires, des esprits protecteurs de la nature, commencent à disparaître à cause des ravages causés par les humains. Au cœur de cette fresque écologique, Nils, un jeune héros, s’engage dans une quête initiatique pour rétablir l’équilibre. Les thématiques abordées – la destruction de l’environnement, la spiritualité, et le lien sacré entre l’homme et la nature – sont pertinentes, mais leur traitement reste un peu trop classique pour réellement surprendre.
Nils est un protagoniste attachant, mais il souffre du syndrome du "héros de fantasy standard" : courageux, idéaliste, et souvent dépassé par les événements. Les personnages secondaires, bien que joliment esquissés, manquent parfois de profondeur. On aurait aimé en savoir plus sur leurs motivations ou leurs conflits internes, pour mieux s’immerger dans cette lutte contre un monde en déséquilibre.
Visuellement, Antoine Carrion brille. Les dessins sont somptueux, avec des paysages d’une beauté à couper le souffle et une mise en scène qui capte parfaitement l’ambiance mystique de l’histoire. Les couleurs, vibrantes et nuancées, apportent une vie presque palpable à cet univers. Chaque planche est un tableau, et c’est dans ces moments que Les Élémentaires trouve sa véritable force.
Narrativement, Jérôme Hamon pose de solides bases, mais le rythme manque de fluidité. L’histoire alterne entre des moments contemplatifs qui émerveillent et des scènes explicatives qui cassent un peu l’élan. On sent que ce premier tome cherche à installer un univers riche et complexe, mais cette ambition alourdit parfois la lecture.
Le principal reproche qu’on pourrait adresser à cet album est son équilibre. En voulant tout mettre en place dès le début – le contexte, les enjeux, les mythologies –, le récit perd un peu de sa spontanéité. Cela reste fascinant à suivre, mais l’émotion et la tension passent parfois au second plan derrière les explications.
En résumé, Les Élémentaires est une introduction visuellement époustouflante à l’univers de Nils, mais qui aurait gagné à simplifier son récit pour laisser plus de place à l’immersion et à l’émotion. Avec un héros prometteur et des thématiques fortes, ce premier tome pose de belles fondations, même si le souffle épique n’est pas encore pleinement au rendez-vous. Un conte écologique envoûtant pour les yeux, mais qui tâtonne un peu sur le chemin de l’âme.