Après Glaucos, voilà que je retourne dans le bain. Je sais bien que c’est foncièrement insulaire le Japon, mais un continental comme moi, ça aime pourtant pas se mouiller. Et c’est reparti pour les grands fonds informes.


Ah la forme, ça a. C’est saturé de beauté, d’évasions lyriques sous les eaux. Je vais être sincère : ça me laisse de marbre. L’auteur s’applique, il multiplie les traits enchanteurs pour nous révéler un paysage presque mystique trempé dans des océans bien de ce monde. Mais ça sent le lyrisme pour le lyrisme, on sature par moments de ces précieusetés dans le dessin. Le manga prête se aux arts visuels, c’est entendu… mais pour de la contemplation stricte, je m’en tiens à des estampes.


C’est d’ailleurs mon deuxième manga où la narration s’orchestre en une longue recension du passé d’une grand-mère racontée à son petit-fils.

Voilà que la demoiselle s’ennuie, les adultes la comprennent pas. Elle aperçoit dans la nuit un excentrique qui plonge dans la baie de Tokyo et est intriguée par lui. Il tombait bien, pile au moment où elle s’enfonçait dans le marasme d’une crise existentielle survenue à l’adolescence. Il est mystérieux ce personnage, presque animal ; insaisissable.



C’est typiquement le personnage héroïque innocent, au-dessus de tout et jovial qu’on retrouve partout ailleurs. C’était déjà le cas avec le protagoniste de Glaucos, c’est dire si le dépaysement est à mille lieues de ma lecture. On apprend au passage qu’il aurait été élevé par des Dugong ; la couillonométrie vire déjà au rouge, et nous n’en sommes qu’au deuxième chapitre. Bénissez Poséidon qu’il n’y en ait que huit.


Les personnages secondaires tentent d’avoir leur portion d’intrigue en parallèle des personnages principaux qui vivotent sans trop rien faire foncièrement. Les choses se passent, mais rien n’advient ou ne cherche à s’élaborer foncièrement. Le récit flotte comme un cadavre ballotté au gré des vents mais ne dirige aucunement d’une direction franche. Rarement je m’ennuie autant en m’essayant à la lecture d’un premier volume supposé me séduire. Il me sera paru interminable et pourtant, les dialogues étaient loin de s’avérer étouffant.


On nous somme d’être fasciné par Umi – ça veut dire « Mer » en japonais, vous repasserez pour la subtilité – mais il demeure invariablement insipide. Avec son ingénuité que la narration tente de me faire passer pour de la sagesse, tout concourt à me faire haïr ce personnage. Ce qui est fâcheux étant donné que le manga entier tourne autour de lui.


Autour de lui et de Sora. Parce que deux maux valent mieux qu’un pour mieux nous achever. Celui-ci a la chance d’avoir une personnalité asociale et d’être de ce fait autrement plus difficile à cerner et d’autant plus mystéri…

Quatre chapitres et je suis déjà à l’agonie. C’est pas que ça n’est pas bien écrit ou dessiné… mais ça n’est pas écrit, tout simplement. Les dessins faussement gauches, certes originaux dans l’idée, nous rappelleraient du Taiyô Matsumoto sans le caractère élaboré ou enfantin du trait. Sans charme donc, et sans réel impact ; il est plutôt fade à la longue et la longue se dessine ici en deux chapitres de temps.


Il se sera rien passé de tout le temps de ma lecture. Je cherche un propos, un intérêt véritable, je fouille, je retourne tout, jusqu’à la moindre trace et – je – trouve – pas. On a mis de jolies lumières qui brillent dans l’eau avec des animaux marins (souvent, dans l’eau) et agité des personnages creux au milieu desquels rien n’a résonné. Comment se prendre de passion pour ça ? D’autant que les rares plans sous-marins de Satoru Noda du temps de Golden Kamuy étaient immensément plus impactants et impressionnants. Et lui ne faisait pas un manga à propos de la mer et de ce qu’elle recèle sous les eaux.


Je n’aurais été impressionné, encore moins émerveillé et pas même intéressé par ce que nous dévoilait Daisuke Igarashi. Il ne fait pas mal son travail, mais il le tourne vers un néant contemplatif. On a quand même passé un chapitre dédié à une chaise. Il y a de la sévérité dans cette critique, mais elle est enrobée de justice.


Qu’on se soit senti l’envie d’adapter ce manga en film me dépasse. Il n’est pas en-dessous de tout, qu’on me comprenne bien, mais il ne vous saisit nulle part. L’histoire – à coucher dehors si on prend du recul sur les événements –, les personnages incapables de se démarquer en aucune façon, même les connaissances du monde marin qui nous parviennent, on n’en fait trop rien après qu’on nous les ait jetées dessus. Je pense pas être passé à côté, plutôt que ça m’aura glissé dessus comme la mer après qu’on se soit extrait de sous les eaux. Je n’irai plus m’y baigner de sitôt.

Josselin-B
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le 29 sept. 2024

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Josselin Bigaut

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