Souvent adapté au cinéma, la figure de Peter Pan, et tous les personnages qui gravitent autour de lui, n'est pas en reste côté bande dessinée. Les histoires revisitant l'histoire de James M. Barrie sont parties dans tous les sens, parfois très surprenants. La revisite proposée par Tom Taylor et Jon Sommariva (le premier a oeuvré dans quelques arcs au-dessus de la mêlée chez DC Comics, le second aussi ainsi que chez les Tortues Ninjas, notamment) ne nous laisse pas au bout de nos surprises.
À lire avec de nombreux extraits et une preview du tome 2 sur : https://branchesculture.com/2024/05/06/retour-a-neverland-neverlanders-bd-comics-dupuis-reboot-peter-pan-enfants-perdus-taylor-tom-sommariva-jon-aventure-super-heros-pouvoirs-fantasy-pirates-arbre-de-vie/
Alice est retournée à Wonderland, nous voilà de retour une énième fois à Neverland. De manière plus super-héroïque que jamais et avec, en apparence (car en cours de route, je parie que le lecteur essayera comme moi de retrouver des traces des héros et méchants avec qui il a grandi), un casting entièrement revisité. Sauf cette bonne vieille Clochette, relookée pour l'occasion, plus punk, et accompagnée de copines toutes aussi mini mais, comme l'union fait la force, redoutables. Peter Pan, lui, est mort, et aucune nouvelle du Capitaine Crochet.
Les enfants perdus ont fini par n'en être qu'un: Paco qui tient bon et tente de former une nouvelle bande. Pour défendre le pays imaginaire des attaques répétées des pirates. Ils menacent plus que jamais l'équilibre de cette oasis, de s'en prendre au fameux arbre de vie (comme on en a vu un dans le dernier Thorgal Saga, pas le dernier pas le premier). Et les flibustiers volants peuvent s'appuyer sur des alliés, dans les airs (des gobelins) comme sous la mer (des sirènes). Raison pour laquelle les nouveaux arrivants, piochés dans les bas-fonds de Londres, parmi les laissés pour compte de la société (avec, dès la première planche, un face-à-face avec une héroïne qui a du bagout mais qui est dans une position dont, passant, on détourne le regard en général). Bee, Gracie, Luz, Felix et Justin vont devoir, dans ce nouveau monde de tous les possibles où toutes les saisons et tous les continents sont envisageables en une seule journée, apprendre qui ils sont, leurs pouvoirs et leur totem.
Dans ce reboot à l'Américaine qui n'oublie pas le passé de ce récit fondateur anglais, je me suis vraiment pris au jeu des ressemblances et des différences. Alors que Loisel, Pelaez et bientôt Jose Luis Munuera ont exploré la facette adulte du mythe, le duo Taylor-Sommariva retrouve et réinvente l'esprit jeunesse de ce récit avec des ingrédients modernes, fous et dynamiques. Avec des trouvailles graphiques, un bestiaire et des décors spectaculaires mais aussi beaucoup de coeur. C'est assez jubilatoire mais, comme rien n'est jamais gagné et que tout peut se retourner comme une crêpe, amener plein de surprises, il y a de jolies leçons à tirer. C'est peps, coloré (Jean-François Beaulieu, Msassyk et Vaneda Vireak ont leur part de responsabilité), très rafraîchissant. À la vue de la couverture, je ne m'attendais pas à me retrouver dans l'univers de Peter Pan, mais finalement tout fait sens dans le fun.