J'ai un temps espéré que la série "Trolls de Troy", lorsqu'elle serait arrivée au zénith, deviendrait "l'Astérix" de notre époque : la similitude du thème (un petit village de guerriers invincibles qui résistent en rigolant et en ripaillant à toutes les agressions du monde extérieur) et les tentatives régulièrement couronnées de succès d'Arleston d'injecter un humour anachronique dans ses épopées, alliées à un joli sens de la BD populaire (ce qui n'est nullement péjoratif ici), faisaient que je retrouvais un peu ici la joie largement enfantine de mon enfance devant les aventures des irréductibles gaulois... avec le piment des excès d'aujourd'hui (violence et cruauté gore, héroïnes aussi peu vêtues que sauvagement dominatrices). Et puis, quelque part, entre le dessin confus, voire régulièrement illisible de Claude Mourier, et les histoires de moins en moins inspirées d'Arleston, qui cristallisent clairement les problèmes de l'heroic fantasy (dans un univers où, par définition, il n'est de limite que celle de l'imagination des auteurs, qu'est-ce qui peut surprendre, étonner, ravir ?), la petite magie s'est perdue. Lire le dernier album de "Trolls de Troy" est désormais une agréable routine, c'est tout !