Un traitement froid sur le fond et la forme

Dans les années 1980, les Gang des Postiches accumulent des braquages sans violence. Comme ils ne sont pas issus du milieu, les indics n’indiquent rien et la police patine. Une relative popularité les entoure alors. David B. et Tanquerelle se saisissent du sujet dans ces « Faux visages » afin de décrire avant tout le personnalités de ces braqueurs hors du commun. Paru chez Futuropolis, ce roman graphique pèse 150 pages.


On ne saura pas grand-chose de la formation de ce gang original. Après un braquage en forme de prologue, on découvre les différentes personnalités. Finalement, aucun n’aurait vraiment du se retrouver là et ils ont peu en commun. Mais leur association va fonctionner parfaitement pendant des années avant de, forcément, péricliter dans un braquage qui tourne mal.


David B. propose un récit bien ficelé, formé de chapitres cohérents qui construisent une histoire. Les scènes de braquages sont tendues et particulièrement réussies. Il narre également le point de vue de la police. Ripoux, indics… Comment faire pour piéger le Gang des Postiches ?


Les auteurs parviennent à décrire psychologiquement les personnages (jusqu’à plusieurs années après leurs derniers faits d’armes) sans les rendre sympathiques ou antipathiques. Beau tour de force d’être si précis et distants à la fois dans la description des différents caractères sans les héroïser.


Cependant, au-delà des scènes de braquages, forcément tendues, il manque un fil rouge fort pour nous impliquer. La froideur et la distance empêche de réellement s’intéresser à la destinée du groupe. Finalement, on ne s’attache pas. Et comme il n’y a pas de violence, qu’ils se fassent arrêter, tuer ou pas nous laisse indifférent. C’est un choix des auteurs et il reste discutable.


Le dessin de Tanquerelle est dans la lignée de l’ouvrage. Son noir et blanc, uniquement rehaussé de bleu, est également froid et convient à l’intrigue. Son dessin est beau, à la fois réaliste et expressif. C’est une belle plongée dans le passé qu’il nous propose ! Avec les choix graphiques opérés, on a presque peine à croire que l’ouvrage soit sorti en 2012.


David B. et Tanquerelle propose un ouvrage cohérent, réalisés par des auteurs qui maîtrisent leur sujet. Peut-être trop froid dans sa construction, « Les faux visages » reste un livre qui se lit d’une traite et qui décrit avec détails le fonctionnement d’un gang aux personnalités très différentes. À lire si vous êtes amateurs de polars et de braquages.

belzaran
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le 17 nov. 2016

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