Zidrou s'est plutôt fait connaitre avec des scénarios de BD pour un public vraiment très large comme Les Crannibales ou Tamara pour Dupuis et surtout L'élève Ducobu chez Le Lombard. On pouvait donc être largement surpris de voir le scénariste nous plonger dans l'enfer de la guerre 14-18, dans une BD oscillant en permanence entre réalisme et fantastique.
Alors, je ne suis pas spécialement fan de tout. Le procédé du noir et blanc et de mettre en avant la couleur sang est somme toute très classique en BD. Il y a peut-être aussi ces retours sur Monet que je trouve parfois un peu plus faiblard, notamment dans la conclusion du peintre après la mort du frère du garçon qui vient toujours l'ennuyer sur les grenouilles.
Porcel fait par contre un sacré boulot au niveau du dessin, nous plongeant dans l'enfer boueux, avec ce noir et blanc qui semble en permanence bien crasseux.
Le point fort demeure finalement cette pointe de fantastique, soulignant quelque part l'irréalité de la situation, de ce conflit. Ce soldat qui refuse de mourir sous les balles de ses bourreaux, cette fille dans le no man's land, Satan et Dieu qui rient ensemble de la situation. Des situations de rêves de ces soldats certainement.
L'introduction est également extrêmement réussie puisqu'on y voit un monument aux morts qui s'exprime. Il nous parle de la guerre et y évoque un jour son retour. Car malgré les nombreux hommages, on semble toujours y revenir, commettre cette erreur. D'autres points demeurent pour moi très réussis. Il y a ce dessin satirique d'un dénommé Rembrandt sur les dirigeants allemands et français et enfin, le sens des mots qui est tout autre à la guerre. On peut prendre par exemple le terme "folie" décliné ici dans toutes ses déclinaisons possibles.
Les folies bergère (sans S à Bergère, contrairement à ce qu'on peut lire ici) est une BD réellement intéressante et réussie, démontrant que Zidrou n'est pas seulement un scénariste pour un public plus jeune.