Au vu du sujet, je ne m'attendais pas à l'aimer celui-là : en effet, pourquoi envoyer Corto dans ces légendes moyen âgeuses, quel rapport avec les aventures du marin ?
C'est peut-être cet écart avec ce que l'on attend d'un Corto qui m'a séduit ? En plus, la narration est bien soutenue, les dialogues sont plus coupés, moins denses et plus digestes que dans 'Fable à Venise'. Ce n'est pas extra non plus, car ça devient vite assez linéaire et puis je n'ai pas trouvé le procès de fin très intéressant. Ce qui est étrange avec cet album, c'est qu'il pourrait constituer une fin : on nous dit que Corto sera éternel, on revoit quelques personnages importants de la saga, même si certains sont muets, ça ressemble à des adieux. Le côté onirique est bien exploité, pas trop long ni trop chiant.
Graphiquement, ça fonctionne bien, sauf quand y a du beau dessin (probablement une collaboration comme dans le tome précédent?) ; je trouve que ça ne colle pas avec l'univers de Pratt de voir ces belles bagnoles bien filées. Heureusement ces dessins sont rares mais du coup ils privent l'album d'une homogénéité parfaite. Pour le reste, Pratt se débrouille toujours aussi bien ; j'apprécie quand il réutilise le même dessin en l'agrandissant ou rétrécissant (les squelettes), on sent que le dessinateur ne veut pas se prendre la tête avec des détails superflus, et c'est bien, ça permet de décomplexer un peu en tant que dessinateur.
Bref, chouette récit. Il me faudra le découvrir en couleurs, puisqu'il paraît que cette étape a été réalisée avec beaucoup de réflexion.
PS : j'ai feuilleté la version couleurs ; quelques ambiances sympas mais c'est quand même nettement moins mise en avant que je pensais (je m'attendais à un vrai délire coloré un peu comme dans les BD de Moebus) ; ça n'est donc pas très différent des précédents albums colorés. Ceci étant dit, j'apprécie malgré tout les couleurs pour ce qu'elles sont, à savoir un habillement pour les cases, pour mieux mettre en avant certains éléments.