Mesdames et messieurs,
je vous aime.
Il fallait commencer cette critique par un beau mensonge. C'est une question de respect.
Mesdames et messieurs,
cette bande dessinée, je l'aime.
Il fallait continuer par une vérité. C'est une question de respect aussi. Respect pour Ayroles qui a gardé ce goût de l'histoire truculente aux personnages qui bouffent la page d'un rire gargantuesque ou d'un froncement de sourcils dédaigneux. Respect pour Guarnido qui nous emmène avec les espagnols par delà l'Atlantique, nous fait rêver, nous garde le clapet fermé de par l'admiration qu'il suscite.
C'est donc à titre personnel une histoire jouissive, comme vous vous en rendrez compte dans les premières pages elle est d'autant plus jouissive que c'est une histoire dans l'histoire, que notre narrateur est un merveilleux conteur.
Pourquoi ?
Car notre narrateur est une fripouille, un coquin, c'est un accro de la vie qui ne sait pas où s'arrêter. Il décapite et maquille, tire une larme et réajuste un bandage. Ce serait un fils de catin de la pire espèce s'il ne suscitait pas une amitié et une candeur; c'est un éternel écrasé qui veut jouer avec le fil du destin.
Les Indes Fourbes se pose comme un roman picaresque, la vie de l'aventurier don Pablos de Ségovie. C'est un merveilleux mensonge, il faut donc en profiter.