A Solidor, ville isolée peuplée d’oiseaux exotiques, le jeune Illian est ouvrier. Travaillant pour le compte de maître Koppel, il sculpte avec finesse de merveilleuses cages à oiseaux. Surexploité, il est un jour contraint de faire cadeau à Flora, la fille de maître Koppel dont il est épris, d’un oiseau qu’il s’est lui-même sculpté. Les oiseaux de bois d’Illian sont si réalistes qu’ils forgent rapidement sa renommée dans tout Solidor, remplaçant bien vite tous les vrais oiseaux de la cité.
Bande dessinée aux allures de conte philosophique, *Le Boiseleur* interroge le rapport de l’homme à la nature et dénonce le consumérisme contemporain. La réflexion sociale et environnementale du tome 1 est en cela sublimée par la qualité illustrative de l’ouvrage.
Ce bel objet, issu de la collection Métamorphose des éditions Soleil, enchante par la délicatesse de son trait et charme par ses doubles pages d’une grande richesse visuelle. Son univers graphique, empreint de poésie, propose même une expérience synesthésique : le chant des oiseaux est représentée comme le trajet d’une effluve dans l’air, tandis que la sculpture et le dessin se mêlent pour mieux souligner le talent de Gaëlle Hersent.
En filigrane des oiseaux en cage, se révèle enfin une quête de liberté. Alors qu’Illian se rend responsable d’avoir transformé Solidor en une forteresse immobile, grise et silencieuse, celui-ci quitte finalement le cadre de la ville pour la forêt, s’émancipant des contraintes sociales pour vivre de son art. Rêvant de posséder son propre oiseau, Illian finit par en devenir un.