J’avais lu de bonnes critiques de « La part merveilleuse » de Ruppert & Mulot. Le temps passant vite, le deuxième tome est déjà sorti… J’ai donc acquis le premier afin de me faire une idée de cette série du duo que j’avais découvert sur « La grande odalisque » (avec Bastien Vivès). Cette introduction, intitulé « Les mains d’Orsay », pèse 150 pages et est publié chez Dargaud.
Les auteurs nous présentent un monde proche du notre, mais où les « toutes » sont apparus. Créatures silencieuses et étranges, flottant dans l’air, elles ont envahi le monde sans que l’on sache d’où elles viennent. Ce premier opus nous fournit les informations sur ces être avec parcimonie, au fur et à mesure. Bien évidemment, une partie de la population aime ces toutes, une autre ne les voie que comme un danger.
On suit dans cette histoire Orsay qui va être très vite contaminé par un toute. Ses mains vont acquérir ainsi une partie des caractéristiques de ces êtres. Souhaitant en savoir plus, il va aller à Paris et s’apercevoir que sa particularité est très recherchée…
« La part merveilleuse » est une série avec une belle identité. L’univers des toutes est bien géré, tout semble cohérent et naturel et les informations arrivent régulièrement pour alimenter notre curiosité. De l’autre côté, c’est une sorte de récit de super-héros qui se développe avec une série de personnages qui s’affrontent, entre gentils et vilains. Le tout dans une atmosphère bien française et moderne, le récit s’inscrivant dans une société suffisamment proche de la notre pour que les auteurs en fassent un récit contre nos dérives (on pense notamment aux violences policières…).
Ruppert et Mulot ont également un ton particulier que l’on retrouvait déjà dans « La grande odalisque ». Alors que les personnages traversent des événements graves, tragiques même, certains restent ancrés dans des réalités très adolescentes. L’immaturité de filles qui gravitent autour d’Orsay le rend fou, mais donne un humour savoureux à l’ensemble. Le revers de la médaille est que l’ouvrage est très bavard, ce qui explique les 150 pages à lire.
Le dessin de Ruppert et Mulot est assez reconnaissable. Je ne suis pas fondamentalement séduit par le trait, mais il y a une vraie efficacité dans la mise en scène et la décomposition des actions. Mais le fait que les personnages n’ouvrent jamais la bouche pour parler donne un côté figé à l’ensemble. Le travail sur les décors est en revanche très convaincant, que ce soit à la campagne ou dans Paris. Il n’y a pas d’économie et les lieux sont très travaillés et incarnés.
« La part merveilleuse » est une bande-dessinée réussie. Il y a de la personnalité, un véritable univers, des rebondissements, des personnages marquants… On reconnaît aussi la patte des auteurs. Certains seront peut-être rebuté par le manque de sérieux du traitement (les auteurs aimant toujours faire un pas de côté). Un ouvrage à essayer, au risque de le regretter.