Vampirisme et steampunk : une alchimie qui fonctionne

L'auteure de Pandora Hearts reprend la plume pour un nouveau manga. Ceux qui aimaient Pandora Hearts retrouveront la beauté graphique et la propension aux intrigues complexes. Et ceux qui n'étaient pas fan du premier manga de Mochizuki trouveront sans doute une consolation dans Les Mémoires de Vanitas. Je fais partie de cette seconde catégorie : Pandora Hearts m'a attirée visuellement, mais l'intrigue était trop inutilement complexe, noyée dans des symboliques hasardeuses et une ambiance générale trop enfantine. Ces défauts m'avaient frustrée, car j'aurais voulu apprécier l'intrigue pour profiter encore plus des planches de Jun Mochizuki...

C'est dans cet état d'esprit que j'ai découvert Les Mémoires de Vanitas. Au détour d'un rayon de la librairie, je tombe sur cette couverture qui me rappelle quelque chose, je lis la quatrième, et cette dernière me fait des promesses que je ne peux pas délaisser : des vampires, du steampunk, des dessins magnifiques... J'achète aussitôt le premier tome.

(NB : En réalité j'avais déjà entraperçu le manga à la Japan Expo 2017, mais comme une cruche, je ne me suis pas penchée dessus, croyant que c'était un préquel de Pandora Hearts ou quelque chose du genre... à cause de ma bêtise, je suis passée à côté de goodies plutôt sympa... Dommage.)

Les Mémoires de Vanitas est un excellent shônen résolument féminin avec un dessin élégant et fin, et une inspiration européenne plutôt bien menée. Comme toujours, les planches de Jun Mochizuki sont magnifiques. L'ambiance du manga allie savamment le 19ème siècle, la culture fantastique européenne (bien que celle-ci soit présente, pour l'instant, uniquement à travers les noms et quelques références) et une sorte de SF steampunk. Si on pourrait reprocher au manga de se revendiquer steampunk alors que ce style y est assez peu présent, je trouve cependant qu'il est plutôt bien dosé : trop présent, il deviendrait étouffant et nuirait au graphisme.

Les personnages, sans être fondamentalement transcendants, remplissent très bien leur rôle. On devine que le duo Vanitas/Noé est un classique jeu d'amitié, de mystère et de répulsion : ils se détestent, s'intriguent et se protègent. Pas original dans le fond, mais brillamment amené. L'un des points forts de ce manga est d'avoir un personnage féminin plutôt fort : Dominique de Sade. Cette demoiselle, en plus d'avoir dans son nom l'héritage d'un auteur français sulfureux, jouit d'une liberté qui fait plaisir à voir. En effet, au vue de certaines de ses paroles, on pourrait supposer qu'elle est bisexuelle, voire lesbienne, et très honnêtement, dans un manga qui se veut tout public, et qui sera certainement lu par de jeunes esprits, c'est un excellent moyen de faire intégrer l'égalité des sexes et l'ouverture d'esprit. Après il est possible que je fabule et que je surinterprète... mais pour l'instant, ma théorie me semble plutôt plausible ! J'aime aussi beaucoup le personnage de Noé : il remplit très bien son rôle de jeune innocent naïf, tout en étant le plus fort (physiquement) du duo, ce qui permet de contrebalancer son côté enfantin et d'éviter la lourdeur.

En bref :

• Un graphisme splendide, élégant et qui allie à merveille ses différentes inspirations.


• Des personnages attachants et bien travaillés.


• L'intrigue est complexe, sans être incompréhensible (un défaut qu'avait Pandora Hearts).


• Le thème des vampires est traité d'une façon originale et très intéressante, alliant alchimie, religion et érotisme avec intelligence.