Perkeros : Les Notes fantômes par Stéphane Gallay

S’il devait bien y avoir une nation pour nous offrir une bande dessinée qui parle de métal progressif, il fallait que ce soit la Finlande, d’où nous arrive l’excellent Perkeros, de JP Ahonen (dessin, scénario) et KP Alare (scénario) traduit en français chez Castermann.


Perkeros, c’est un groupe, un très jeune groupe finlandais, qui galère pour produire autre chose qu’une démo au son poucrave et dont le meilleur atout – son guitariste-compositeur Axel – est également son plus gros problème, vu qu’il se prend aussi de chanter et, selon ses collègues, il a la voix d’un corbeau atteint d’un cancer de la gorge. Ah, et il bégaie, aussi.


Axel a aussi un autre problème: il est complètement obsédé par la musique, au point d’en délaisser ses études – et aussi sa copine. Mais, quand il joue, cela peut donner des moments magiques. Littéralement.


Car Perkeros, ce n’est pas seulement une bande dessinée sur la galère d’être musicien dans un pays qui a la plus forte densité de groupes de métal au monde, c’est aussi une incursion dans ce que la musique peut avoir de fantastique.


Qui n’a jamais vécu, au cours d’un concert, un de ces moments où on se dit que quelque chose pourrait arriver? Bon, moi ça m’arrive souvent – trois fois rien que pendant le dernier Night of the Prog. C’est donc peu dire qu’affirmer que cette bande dessinée m’a parlé.


Et puis bon, le gamin de 22 ans qui courbe les cours pour vivre sa passion et qui a plus de 3000 CDs classés par ordre alphabétique, ça me rappelle si peu quelque chose…


Perkeros joue sur le fil du rasoir, entre le comique d’un groupe dont le batteur est un ours – un vrai – et le bassiste un papy un peu fantasque, le réalisme du quotidien de musiciens qui travaillent au kébab du coin, et le fantastique qui naît de la magie musicale, une magie qui peut aussi bien faire des miracles que conjurer des démons.


Visuellement, il y a certaines scènes – notamment de concert – qui sont de la pure tuerie, noyée sous les lumières et les couleurs, mais le reste de la bande dessinée arbore un style plutôt plaisant et très bien maîtrisé.


En plus, les auteurs ont créé un site web (en anglais) rien que pour la bédé, y compris les bios des membres de Perkeros (avec leur nom finlandais). Au reste, Perkeros semble promis à une belle carrière internationale, puisque les auteurs annoncent, en plus de cette traduction française, une édition en allemand et une en anglais (sous le titre Sing No Evil).


Je vais me répéter, mais pour le cas où vous ne l’auriez pas compris, Perkeros est une excellente bédé, qui parle de métal, donc de fantastique, donc de la réalité, le tout avec humour et des graphismes qui dépotent. Je vous la recommande avec enthousiasme, en sautant depuis le haut du sofa les doubles cornes en avant.

SGallay
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le 25 avr. 2015

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