Le monde au travail
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Fabien Toulmé est un auteur dont je dévore chaque livre avec le même plaisir, un auteur qui ne m’a jamais déçu depuis le fabuleux « Ce n’est pas toi que j’attendais » sorti il y a dix ans. Il y a eu depuis l’incroyable « Odyssée d’Hakim » (une trilogie), les touchants « Suzette ou le grand amour » et « Les deux vies deBaudouin », l’intime « Inoubliables » et son dernier projet en date, « Les reflets du monde », dont le deuxième tome vient tout juste de sortir.
Après un premier volume consacré à trois formes de résistance face à l’oppression, Toulmé aborde cette fois-ci la question du rapport au travail, une fois encore à travers trois exemples concrets sur trois continents différents. D’abord aux États-Unis, où s’est développé le phénomène de la grande démission, puis en Corée du Sud, où l’excès de travail entraine des souffrances pouvant aller jusqu’au suicide ou à la mort par épuisement et enfin aux Comores, où le développement économique tente de se conjuguer avec une certaine forme de durabilité.
Le postulat de départ pour chacun des trois reportages est simple : quelle place occupe le travail dans notre vie et comment ce travail est-il vécu au quotidien ? Au final, trois salles trois ambiances. Chez les grands démissionnaires américains, une volonté de prendre du recul par rapport aux injonctions professionnelles pour vivre sa vie comme on l’entend. En Corée du Sud, travailler trop relève de la norme et vouloir faire reconnaître la responsabilité des employeurs qui poussent à bout leurs collaborateurs est quasi impossible. Tandis qu’aux Comores, c’est la pauvreté que le développement économique doit combattre, loin de toute considération sociale et d’avancée du droit des travailleurs, même si un début de changement tend à s’opérer.
Entre chaque reportage, les intermèdes où le dessinateur interroge la sociologue Dominique Méda offrent une remise en perspective passionnante des témoignages recueillis sur le terrain « à hauteur d’homme ». La combinaison entre le factuel et l’analyse à posteriori enrichit le propos et donne de l’épaisseur à l’ensemble. Et comme d’habitude Toulmé fait du Toulmé : respectueux de la parole de l’autre, curieux, sans jugement ni à priori, jamais avare d’autodérision et de petites pointes d’humour qui permettent quelques respirations au cœur de thématiques parfois pesantes.
Bref une fois de plus c’est un sans-faute. Vulgarisatrice, didactique, éclairante et débordante d’humanité, cette enquête sur la place du travail dans le monde ouvre les yeux sur des situations bien différentes de celles que l’on a l’habitude de connaître en France.
Créée
le 15 juil. 2024
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