Jona passe sa dernière soirée dans cette ville, avant de rejoindre Berlin et sa femme le lendemain matin. Il va croiser des fêtards, d’anciennes connaissances, des inconnus, dont Baron Noir, fêtard dépressif et Vic, une jeune femme qui flirte avec les limites.
Brecht Evens a un don incroyable pour la couleur, pour les couleurs. Son album fait alterner les tons très vifs, saturés et des pages aux teintes pastels. Les pages sont parfois totalement colorées, pas un coin de blanc et d’autres sont au contraire très minimalistes. Les pages sont explosées : aucune règle n’est respectée, de cadre, de cases : il peut y avoir un seul dessin ou de multiples minuscules cases, voire des dessins dans les marges ; il faut souvent s’arrêter et passer du temps pour ne pas rater un détail (mais c’est illusoire, je pense qu’il faut plusieurs lectures attentives pour croire qu’on a tout vu). Des fonds blancs, des fonds noirs, des couleurs et des personnages qui "fondent" pour ne devenir que des taches plus claires. C’est un festival, Brecht Evens puise dans tous les styles, dans tous les genres, multiplie les références, passe d’une page chiadée à un dessin malhabile, enfantin, il s’amuse à tout détourner et nous lecteurs, en prenons plein les yeux.
Son histoire est faite de rencontres, d’errances nocturnes, de mésaventures. Elle n’est pas linéaire, il passe d’un personnage à un autre, puis revient au premier. C’est sur la durée de ce gros ouvrage que l’on comprend les difficultés de Vic, Jona et Baron Noir et de leurs amis.
Un roman graphique original, foutraque, coloré, diablement addictif, il est difficile d’en sortir et de ne pas y revenir pour (re)voir tout ce qu’on a manqué. Une lecture qui sera à réserver aux adultes ou grands enfants.