À notre époque tant éloignée du roman-feuilleton, où les histoires semblent ne pouvoir se raconter que par de long récits ininterrompus, j'ai eu la bonne surprise de découvrir dans les Sauroctones cette aura de fanzine étudiant, rapiécé de part en part, écrit à l'improviste, où chaque chapitre semble pouvoir se lire détaché de l'autre.
L'histoire raconte à la base trois gamins chargés d'aider le légendaire Alex Excel à terrasser le Tamarro, un scorpion gigantesque.
Autant dire que ce postulat de départ ne tient pas plus longtemps qu'une vingtaine de page avant que les jeunes ne se retrouvent seuls, désemparés, affamés, cherchant en vain à survivre dans ce monde hostile.
Chaque nouveau chapitre introduit généralement un nouveau lieu, de nouveaux personnages, un nouveau conflit et parfois un nouveau registre. On peut passer d'un ton réaliste et dramatique à un bien plus loufoque et surréaliste dans la même histoire.
Et cette instabilité rend l'histoire bien plus polyvalente car elle démontre l'absurdité du roman d'aventure classique, aux arcs narratif convenus et tracé d'avance.
Ils nous arrive également de changer d'avis, de ne jamais voir les conséquences de nos actions ou de perdre de vu qui nous étions.
Nous pouvons rencontrer des gens étrange, dont les aventures personnelles n'ont aucun lien avec la notre.
Si la vie n'est que péripéties, alors cette BD le montre, notre survie n'est que improvisation.