Mes retrouvailles avec une série que j'adore alors que j'étais passée à côté, plus jeune, des histoires originales de Jacques Martin, dont le trait ressemblait trop à celui de Hergé, qui ne m'a jamais plu. Je viens de fâcher les trois quarts de mes lecteurs, désolée, c'est ainsi, même si plus tard je suis revenue sur le même genre d'a priori qui me gardait d'apprécier les vignettes d'Adèle Blanc-Sec du pourtant génial Tardi. On a le droit de se tromper, il faudrait peut-être que je relise mon unique album d'Alix, acheté parce qu'il se passait en Égypte et que j'adore l’Égypte. Ici, je ne trouve absolument rien à redire : les scénarios sont intéressants (même si j'aurais dû relire les tomes précédents avant de me lancer dans celui-ci, mais j'étais trop impatiente), les dessins somptueux, les reconstitutions grandioses, et les couleurs magistrales. Je me plonge dans ces aventures du quinquagénaire Alix, désormais établi mais loin d'être pépère, avec la gourmandise conjuguée que je ressens devant les documentaires historiques de la BBC, le trait du génial Théo du Pape Terrible et les couleurs des décors des animations Pixar les plus réussies. Bref, un vrai régal visuel, doublé d'une lecture palpitante. Que demander de plus ? La mort de Khéphren, le fil d'Enak, rajoute un petit côté tragédie grecque à cette histoire de revenants maléfiques, l'orichalque continue à faire rêver, et Alix voit se dégrader à petit feu la santé de son amoureuse, à laquelle il ne va pas apporter le soutien qu'il croyait... autant de ficelles sur lesquelles tirer joyeusement pour démêler une intrigue à la limite du surnaturel de très bon aloi.