Je n'avais pas vu des aplats pareils depuis Lidwine dans Le dernier loup d'Oz, c'est bien simple. Ces pages sont un sombre enchantement. Évidemment, l'histoire a un peu de mal à être à la hauteur d'une maestria pareille, mais elle se tient malgré tout : la jalousie pathologique, ça fait toujours une trame intéressante. Quand ça se passe au fin fond de l'Aubrac, terre lugubre et belle qui pourrait accueillir le chien des Baskerville pour une foire aux tripes, ça rajoute. Finalement, l'histoire d'un yaourt à la grec partant à la cuisine suffirait à être prétexte à ce tourisme morbide et fascinant auquel se livre le héros, un photographe parti en repérage au péril de son couple, qui trouve refuge dans une ferme tout droit sortie des Hauts de Hurlevent, habitée par un Thénardier d’anthologie, qui aurait bouffé Norman Bates au petit déjeuner. Les références foisonnent. Il manque les engoulevents, mais en se concentrant un peu, on les entend quand même. Le plus : le cahier graphique final, qui mériterait à lui seul qu'on achète l'album. Beau.