Ces blessures qui restent
Révélé en 2017 avec Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher avait produit, trois ans avant, ce huis-clos mettant en scène de jeunes mâles ados dans un vestiaire. La Boîte à Bulles nous...
le 5 août 2020
1 j'aime
Le succès récent des livres de Timothé Le Boucher a justifié une réédition de son "les Vestiaires" - datant de 2014 - sous le titre un peu plus exact de "Dans les Vestiaires", avec pour objectif de faire connaître une œuvre de jeunesse de l'auteur à son nouveau public.
Le sujet en est une description, au départ réaliste, puis s'enfonçant progressivement vers une outrance presque fantastique, des mœurs pour le moins primitifs, voire barbares des jeunes adolescents mâles, exacerbés par l'environnement sportif / scolaire. Création d'une hiérarchie tribale de domination des plus faibles / plus différents par les plus forts / ceux qui correspondent le mieux à la "norme", déploiement de vexations, humiliations et brutalité comme moyen de préserver l'équilibre social ainsi créé, mais aussi prépondérance du besoin de l'affirmation sexuelle la plus conventionnelle, rejet de la "différence" (pédé restant l'injure ultime !).... tous les schémas de la domination machiste, largement fascisante, se mettent en place dans le microcosme du Vestiaire, seul lieu "réel" : c'est la très belle idée graphique de montrer les quelques scènes d'extérieur comme floues - vues à travers le verre dépoli des fenêtres -, littéralement sans consistance.
L'intelligence du scénario de Le Boucher est d'échapper aux stéréotypes du genre en montrant très vite comment les positions dominant / dominé peuvent s'échanger sans que le système ne soit pour autant ébranlé. La faiblesse de "Dans les Vestiaires" est de se résoudre par la violence, de manière aussi improbable que caricaturale. C'est dommage car le récit promettait plus que ça !
Néanmoins, le plus gros problème du livre, qui lui enlève une grande partie de sa crédibilité, c'est la non-représentation du sexe masculin, alors qu'il est finalement le SEUL sujet de l'histoire ("est-ce que tu en as une plus grosse que moi ?", "est-ce que tu sais t'en servir ?") : cette soumission étonnante à une auto-censure contre-productive et probablement inutile désamorce largement l'intérêt de "Dans les Vestiaires", le châtre littéralement, le transforme en objet pudibond et... lâche.
C'est affreusement triste.
[Critique écrire en 2020]
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 28 juil. 2020
Critique lue 801 fois
9 j'aime
D'autres avis sur Les Vestiaires
Révélé en 2017 avec Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher avait produit, trois ans avant, ce huis-clos mettant en scène de jeunes mâles ados dans un vestiaire. La Boîte à Bulles nous...
le 5 août 2020
1 j'aime
🖊Les vestiaires sont des lieux clos où la loi de certains élèves règne. Entre jeux stupides et compétitions humiliantes, Corentin fait face à un acharnement de plus en plus violent contre...
le 10 nov. 2022
1 j'aime
Les vestiaires sont des lieux clos où la loi de certains élèves règne. Entre jeux stupides et compétitions humiliantes, Corentin fait face à un acharnement de plus en plus violent contre...
le 27 déc. 2022
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
191 j'aime
115
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
190 j'aime
25