Un sujet de société poignant (le détention des étrangers en France) mais peu revisité, un dessin simple qui prend de la distance sur le sujet, des couleurs de toute la palette du gris (à l'exception de rares objets) pour souligner la pesanteur deux destin de Mohammed.
Le livre se lit d'une traite, tant l'on est happé par le destin de Mohammed, un somalien tombé dans la piraterie par défaut, embrigadé dans les réseaux criminels qui surgissent avec le pillage des mers par les chalutiers européens (et la destruction de la pêche vivrière locale) et un tsunami. La rapide descente aux enfers de tout un pays, et de ses habitants, est très bien rendue dans son implacabilité.
Une fois en France, et emprisonné, Mohammed est balloté par la justice française qui retarde les décisions, faisant s'évanouir tout reste de vie potentielle.
L'aide associative et bénévole des organismes qui gravitent autour de la réinsertion et du droit des étrangers est également bien dépeinte : on mesure leur nécessité absolue, tant elles viennent combler un vide sidéral.
On reste sur sa faim quant aux stéréotypes renvoyés par les personnages autour de la communauté Emmaüs où trouve à se réinsérer Mohammed : chahutés (on le perçoit sincèrement) par le vie, ces personnages regorgent de mauvais esprit et sont en fin de compte assez peu lisibles. On ne croit pas au revirement de situation, à une intégration de Mohammed. Je serai, à ce titre, intéressé de savoir qu'elles libertés scénaristiques ont pu être prises !