Liberté, j'écris ton oui

En France, on aime raconter l'histoire sous le prisme des grands hommes : Louis XIV, Napoléon, de Gaulle... Ici l'histoire est remise à sa juste valeur : celle des peuples. Et même de la masse, dans le cas de la Révolution française.

Certes, les dessins de Grouazel et Locard (qui alternent toutes les X pages) peuvent, de prime abord, troubler tant ils apparaissent parfois brouillons, fouillis, incertains. Mais en dépassant ce trouble liminaire, on se rend compte que ce coup de crayon sert le message des auteurs.
Lesquels tirent profit à plein de la spécificité de la bande dessinée qui permet de restituer l'effet de masse, là où le cinéma nécessite beaucoup de moyens humains et techniques. Des plans serrés de cette foule compacte et parfois écrasée, ensevelie, aux plans très larges donnant à voir une magnifique prise de la Bastille ou une séance des États généraux, le graphisme s'adapte finalement parfaitement aux évènements.

Le tour de force de cette BD, c'est de donner à comprendre comment nait une révolution qui apparaît peu à peu comme un rouleau compresseur inéluctable, piloté par de simples gens qui deviennent de grandes personnes. Elle ne tombe jamais dans la simplicité, évoquant aussi ces longues séances, sans doute fastidieuses, qui se tenaient aux États Generaux.

En France on résume souvent la révolution au 14 juillet et à la prise de la bastille. "Révolution" permet d'en aborder sa complexite (les impôts, la faim, les barrières de l'octroi, les intrigues...).

Peut être manque-t-il de charisme aux individualités de ce récit mais nul doute qu'elles seront approfondies dans les deux autres tomes qui s'annoncent d'ores et déjà savoureux. Patience désormais. La Révolution ne s'est pas faite en un jour !