Espèces en danger...

Difficile de ne pas sentir quelques légères effluves de corporatisme sous-jacent en lisant cette BD, au demeurant très agréable, et qui consiste en des descriptions ironiques et amusées (en une page chaque fois) du petit monde littéraire anglais et des habitants de ce royaume, auteurs , libraires, corporates, agents de toutes sortes, etc... Posy-Simmonds, dont j'avais bien aimé les titres "Gemma Bovary" (évidemment littéraire celui-là) et "Tamara Drewe", qui se passait en partie dans une retraite pour écrivains. Simmonds est une dessinatrice qui nous fait sentir sa fascination pour ce monde exotique et mondain qu'est l'édition en général.

Le dessin de Simmonds est déjà en plaisir en soi, très propre, très clair, en un noir et blanc reposant qui évoque un peu Sempé je dois dire. Simmonds a le chic pour capturer en peu de traits les expressions faciales de ses personnages et elle a un extraordinaire rendu des corps et des positions, je trouve. A ce dessin très clair et très maîtrisé, se rajoutent des textes souvent amusants, où perce la rancœur des uns et des autres dans cet univers très individualiste et assez peu amical.

On suit des écrivains qui poireautent devant leur piles d'invendus à leur séance de dédicaces, on s'amuse de ce que l'auteur se croit adulé dans un meeting alors que c'est la composition physique de son livre et la texture du papier qui sont louées par tous. On assiste à moultes joutes verbales entre les auteurs concurrents, enter les éditeurs, ou on partage la solitude au combien pénible de l'auteur en manque d’inspiration. Simmonds ajoute aussi des personnages récurrents comme ce docteur en médecine qui ausculte les auteurs et soignent leur bobos littéraires, ou encore ce détective privé à la Marlowe qui décrit l'écosystème littéraire en terme de mafia. C'est léger, pertinent peut-être et ça se lit vite, une ou deux page par jour.

Une BD de bon goût, on dira, qui ne prend guère de risques, mais qui a cette patte anglaise qui vous met le sourire. Recommandé !