« Little Tulip », à sa sortie, a fait couler beaucoup d’encre. Le one-shot, réalisé par Charyn (au scénario) et Boucq (au dessin), était décrit comme puissant, noir et formidablement dessiné. Paru dans la collection « Signé » au Lombard, le livre pèse pas moins de 84 pages. C’est la troisième collaboration des deux auteurs.
Paul est américain. Alors qu’il n’est qu’un enfant, sa famille émigre à Moscou où ils vont subir de plein fouet la révolution soviétique. Condamnés pour espionnage, ils sont envoyés au goulag en Sibérie. Séparé de ses parents, Paul va tenter de survivre, s’aidant de son seul atout : son talent de dessinateur. Il va obtenir des protections des gangs locaux en tant que tatoueur attitré.
C’est une histoire implacable qui se développe ici. L’humanité dans ce quelle a de plus animal. Viols, meurtres, domination… Tout y passe. On découvre le quotidien du camp, là où les prisonniers s’organisent en clans pour survivre et se dominer les uns les autres.
Parallèlement à l’histoire du goulag, on suit Paul à une époque plus contemporaine. Ainsi, on sait qu’il a survécu dès le départ et qu’il est revenu aux Etats-Unis. Cette partie constitue une sorte de polar, Paul aidant les policiers pour dessiner des portraits robots. Moins prenante que celle du goulag, elle reprend les thèmes du tatouage et de la vengeance.
Cet univers ultra-violent est soutenu par le dessin puissant de Boucq. Habitué à ces genres de thèmes (on pense à « Bouncer » par exemple), il a un véritable talent pour montrer l’être humain dans sa déchéance. Les corps sont particulièrement à l’honneur ici et son trait dynamique et rugueux marche à merveille. Il est heureux que Boucq sache si bien choisir ses scénaristes !
« Little Tulip » est un ouvrage puissant et viscéral qui ne fait jamais dans la demi-mesure. Dans ce livre, tout acte se fait dans le sang et l’épilogue ne peut être que vengeance. Un bel ouvrage de bande-dessinée, avec un dessin au diapason de son scénario.